Le gouvernement cubain a discrètement annoncé, au cours des derniers jours, l'imposition d'une nouvelle taxe à l'importation qui pourrait affecter les entrepreneurs privés qui tentent de se lancer en affaires et de nombreux autres Cubains qui dépendent des envois informels de marchandises en provenance de l'étranger.

À partir de septembre, les Cubains qui entrent et sortent du pays plus d'une fois par année devront payer l'équivalent de 10 $ US par kilo de marchandises qu'ils rapportent avec eux, une fortune dans un pays où le salaire mensuel moyen est d'environ 20 $ US. Les non-résidants, incluant les Cubains vivant à l'étranger qui vont visiter leurs proches, devront eux aussi payer cette taxe, même s'ils ne se rendent qu'une seule fois dans l'île.

Environ 250 000 Cubains se sont lancés en affaires depuis les réformes annoncées par le président Raul Castro à la fin de 2010. Plusieurs ont ouvert des cafés, des ateliers de réparation, des étals de vêtements ou des kiosques en plein air. La plupart d'entre eux dépendent des produits importés de l'étranger pour faire fonctionner leur petite entreprise.

Les Cubains qui ont la permission de voyager financent souvent leurs déplacements en agissant comme transporteurs de marchandises. Ils reviennent au pays avec des sacs remplis de vêtements, d'appareils électroniques, de couches pour bébés et d'autres articles difficiles à trouver à Cuba. Jusqu'à maintenant, ils ne payaient que l'équivalent de 0,50 $ US par kilo de marchandises importées, avec des frais fixes pour les gros articles comme les téléviseurs et les fours à micro-ondes. Les importations de nourriture étaient gratuites jusqu'au début de cette année, quand le gouvernement a commencé à imposer des taxes.

Les nouveaux tarifs ont été discrètement publiés sur le site Internet officiel du gouvernement en date du 2 juillet. Les journaux officiels n'ont pas fait mention de cette nouvelle mesure, mais le site de la radio officielle Rebelde a publié un court article à ce sujet mardi matin.

Certains détails de la nouvelle loi portent à confusion. Le décret a été publié dans un langage juridique complexe et semble se contredire lui-même, mais aucun responsable gouvernemental n'était disponible pour expliquer les nouvelles mesures mardi. À certains endroits, le décret parle d'une taxe établie en fonction du poids, alors qu'ailleurs, c'est la valeur de la marchandise qui semble être considérée.

D'une façon ou d'une autre, les entrepreneurs privés savent qu'ils devront payer plus pour leurs marchandises, et ils s'en inquiètent.

«C'est un désastre», a estimé Luis Carlos Espinoza, qui gère un petit kiosque de vêtements à La Havane. Il a entendu les rumeurs au sujet de la nouvelle taxe, mais il n'a pas lu le décret officiel.

«Cela va nous affecter de toutes les façons possibles. Comment allons-nous obtenir nos marchandises? Il n'y a pas de marché de gros ici.»