Deux policiers fédéraux en fuite, accusés d'avoir tué trois de leur collègues le 25 juin à l'aéroport de Mexico, reconnaissent avoir tiré mais affirment avoir réagi à des menaces de leurs chefs et de collègues pour les contraindre à se livrer à des activités de trafic de drogue.

Dans un entretien à la demande des deux hommes depuis un lieu clandestin par la revue hebdomadaire Proceso, ces deux policiers, Daniel Cruz Garcia et Zeferino Morales Franco, contestent la version donnée par la Police fédérale mexicaine. Selon cette version, les deux fuyards auraient tiré sur des collègues chargés de les arrêter dans le cadre d'une opération de démantèlement d'un réseau de trafic de drogue agissant au sein de l'aéroport international de Mexico.

Les deux policiers affirment au contraire avoir été l'objet, depuis plusieurs semaines de pressions de la part de leur chef immédiat, ainsi que du chef de la Police fédérale au sein de l'aéroport pour se joindre au trafic de drogue.

Le matin du 25 juin, après leur service de nuit, les deux hommes disent s'être dirigés vers secteur de restauration rapide du Terminal 2 de l'aéroport. C'est sur leur chemin qu'ils disent avoir été interceptés par trois de leurs collègues qui exigèrent une nouvelle fois qu'ils collaborent à leur trafic.

«Je leur ai dit que j'allais les dénoncer», raconte Cruz Garcia. C'est alors qu'un des trois policiers a sorti une arme à feu et a tiré dans la jambe de Morales Franco. Proceso publie une photo de ce dernier présentant une apparente perforation par balle dans la partie inférieure de la jambe gauche.

«Presque instantanément nous avons sorti nos armes et une fusillade s'est déclenchée», poursuit Cruz Garcia.

Les deux hommes reconnaissent être les responsables de la mort de leurs trois collègues. «Nous savons que nous allons payer pour cela, mais nous ne pouvons pas reconnaître d'autres charges parce que nous ne sommes pas impliqués dans le trafic de drogue. On sait très bien qui protégeait le trafic de drogue et qui leur a accordé protection».

Les deux hommes mettent en cause en particulier le chef de division régional de la Police fédérale, Luis Cardenas Palomino.

C'est ce dernier qui avait donné le 29 juin une conférence de presse de la Police fédérale assurant que les deux auteurs du meurtre de étaient impliqués dans un réseau de trafic de drogue en provenance du Pérou et que la Police fédérale offrait une récompense de 5 millions de pesos (environ 300 000 euros) pour des informations les concernant.

Les deux hommes interrogés par Proceso indiquent qu'ils ont l'intention de se rendre aux autorités, «mais pas maintenant». «Nous attendons la fin de cette administration (NDLR : le prochain gouvernement doit entrer en fonction le 1er décembre) parce qu'actuellement, nous n'avons aucune garantie et nous ne pensons pas que nous aurons droit à un juste procès», estiment-ils.

Ils indiquent aussi qu'il ne veulent pas se rendre à la Police fédérale. «Nous savons que si la Police fédérale nous trouve, ils ne vont pas nous arrêter. Ils vont nous tuer. C'est ainsi qu'ils agissent».

À quelle autorité alors, demande le journaliste? «Peut-être à l'armée».