Le bilan des manifestations hostiles à un projet minier du groupe américain Newmont dans la région de Cajamarca (nord du Pérou), où l'état d'urgence a été décrété mardi, s'élevait jeudi à cinq morts, a-t-on appris de source médicale.

« La cinquième victime est José Sanchez Huaman, 29 ans, qui avait reçu une balle dans la tête », a indiqué à l'AFP Reynaldo Nuñez, directeur de l'hôpital régional de Cajamarca.

Trois des victimes ont été tuées mardi lors d'affrontements avec les forces de l'ordre dans la ville de Celendin qui ont également fait une vingtaine de blessés, dont José Sanchez Huaman. D'autres heurts mercredi ont causé la mort d'un autre manifestant dans la ville de Bambamarca, dans la province voisine de Hualgayoc.

Douze autres personnes demeurent hospitalisées, toutes blessées par balle, précise-t-on de source médicale.

L'état d'urgence a été décrété durant 30 jours dans les régions de Celendin, Hualgayoc et Cajamarca, dans le but de contenir le mouvement contre le projet d'aménagement de la mine d'or de Conga, appartenant à la société américaine Newmont et plus gros investissement minier du pays (4,8 milliards de dollars), qui doit voir le jour d'ici 2014.

Dans un communiqué, l'organisation Amnistie Internationale a demandé « l'arrêt immédiat de la violence et demande des mesures de protection pour les défenseurs des droits de l'homme ».

Amnistie lance également un « appel urgent » aux leaders du mouvement hostile au projet minier de Cajamarca pour qu'ils « empêchent les manifestations violentes qui sont en train de se produire » dans la région.

L'organisation demande en outre au gouvernement péruvien « d'interdire aux forces de police d'utiliser des armes à feu à l'exception d'une situation de vie ou de mort » et juge « préoccupante » l'augmentation de conflits sociaux « qui ouvre la porte à de graves violations des droits de l'homme ».

Les opposants au projet redoutent principalement l'impact de la mine sur les fragiles ressources en eau de la région. Le projet doit sacrifier quatre lacs-réservoirs d'altitude pour les remplacer par des lacs artificiels.

Fin 2011, la province de Cajamarca avait déjà été en partie paralysée par une série de manifestations et de blocages de routes contre le projet de Conga et le gouvernement avait alors déjà décrété l'état d'urgence.

Un rapport d'experts internationaux portant sur les « modifications et améliorations » pouvant être apportées au projet sur le plan de l'environnement a été remis au gouvernement au mois d'avril.