Le candidat de la gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, a rejeté lundi comme «frauduleux» le résultat de l'élection présidentielle mexicaine émis par les autorités électorales et ayant donné dimanche la victoire au candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), Enrique Peña Nieto.

«Nous ne pouvons accepter un résultat frauduleux», a dit Lopez Obrador en réponse à une question des journalistes lui demandant s'il allait reconnaître les résultats préliminaires donnés par l'Institut fédéral électoral (IFE).

«L'élection a été trop sale» a estimé Lopez Obrador affirmant qu'elle avait été «remplie d'irrégularités avant, pendant et après».

Lundi soir, le comptage préliminaire du scrutin portant sur 97,23% des votes enregistrés par l'IFE donnait 38,1% des voix à Peña Nieto, contre 31,7% à Lopez Obrador et 25,4% à Josefina Vazquez Mota, du Parti action nationale (PAN, conservateur) du président sortant Felipe Calderon.

La victoire de Peña Nieto avait été reconnue dès dimanche soir par le président mexicain.

Lundi cette victoire a également été saluée par plusieurs gouvernements de la région et d'Europe, dont la France. Le président américain Barack Obama a appelé Peña Nieto par téléphone pour féliciter «le président élu du Mexique».

Lopez Obrador, accompagné des dirigeants des trois partis de gauche composant sa coalition électorale, a laissé entendre qu'il allait déposer des recours contre le scrutin en raison de supposés achats massifs de votes et le manque d'équité des moyens de communication dans le courant de la campagne électorale.

«Nous allons établir ces éléments et présenter les recours correspondants, mais d'abord participer aux décomptes», a-t-il indiqué.

En 2006, Lopez Obrador avait perdu l'élection présidentielle face à Calderon par une marge de 0,56%. Il avait alors lancé des manifestations massives qui avaient paralysé le centre de Mexico pendant plusieurs semaines.

Interrogé sur la répétition éventuelle de ce genre d'action, l'ancien maire de Mexico (2000-2005), politologue de 58 ans a répondu: «Nous allons attendre, accepter la légalité, la transparence».

Auparavant dans l'après-midi, 25.000 jeunes (selon la police) avaient manifesté lundi aux cris de «Le Mexique sans PRI!» dans un quartier chic de Mexico pour exprimer leur rejet de l'élection d'Enrique Peña Nieto marquée selon eux par la «fraude».

«Ici on voit, ici on voit que Peña Nieto président ne sera pas!» ont scandé les jeunes mobilisés par le mouvement YoSoy132, né dans des universités de Mexico au mois de mai contre le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel, déjà favori à l'époque dans les sondages.

Enrique Peña Nieto a promis pour sa part qu'il n'y aurait pas de «retour au passé» pour le PRI qui a régné sans partage entre 1929 et 2000, sous le signe de l'autoritarisme.

«Il n'y a pas de retour au passé. Le PRI qui arrive au gouvernement a montré ses convictions démocratiques. Le plus grand défi du PRI est de démontrer son efficacité en donnant les résultats que la société exige», a dit M. Peña Nieto lors d'un entretien lundi avec les agences de presse internationales.

Le PRI a gouverné de 1929 à 2000, date de sa défaite historique face au PAN. Sa création a mis fin à la lutte des chefs postérieure à la Révolution de 1910, mais son règne a été marqué par des pratiques de clientélisme, d'autoritarisme et de corruption.

Promettant d'encourager «la réconciliation», M. Peña Nieto a annoncé lundi qu'il n'écartait pas l'idée de faire entrer dans son futur gouvernement des membres d'autres partis politiques ou des personnalités indépendantes.