Le président déchu du Paraguay, Fernando Lugo, a répondu dimanche aux politiciens qui l'avaient destitué en annonçant la mise sur pied d'un gouvernement parallèle et son intention d'éclipser le nouveau leader du pays sud-américain à l'occasion d'un sommet régional.

Il s'agit d'un revirement étonnant puisque, deux jours plus tôt, M. Lugo semblait prêt à prendre docilement sa retraite après que le Congrès paraguayen eut voté massivement en faveur de sa destitution.

Depuis, l'ancien prêtre catholique a été submergé de manifestations de soutien de la part des autres pays de l'Amérique latine, notamment du Marché commun sud-américain (Mercosur), qui a décidé de retirer au Paraguay le droit de prendre part au sommet qui aura lieu jeudi et vendredi à Mendoza, en Argentine.

Dans un communiqué publié par le ministère argentin des Affaires étrangères, les membres du Mercosur ont vivement condamné la «rupture de l'ordre démocratique» en sol paraguayen.

De son côté, le président vénézuélien, Hugo Chavez, a déclaré que son gouvernement cesserait de vendre du pétrole au Paraguay. Le Venezuela est devenu le principal fournisseur du pays en raison des liens entre M. Chavez et Fernando Lugo, un politicien de gauche modéré.

Ces événements risquent de nuire aux efforts du nouveau président paraguayen, Frederico Franco, pour justifier le retrait de M. Lugo et défendre le pays des accusations de coup d'État institutionnel lancées par ses voisins.

Plus tôt dimanche, M. Franco avait annoncé que le chef de la diplomatie du Paraguay nouvellement nommé, Jose Felix Fernandez, représenterait le pays à la rencontre en Argentine.

Fernando Lugo a été élu il y a quatre ans, mettant fin au règne de 61 ans du Parti Colorado, en promettant de réformer l'agriculture et d'aider les nombreux pauvres du pays. Ses alliés se sont toutefois retournés contre lui les uns après les autres.

Un affrontement mortel survenu le mois dernier entre la police et des fermiers sans terre a porté le coup de grâce à M. Lugo en lui faisant perdre beaucoup de votes au Congrès.

M. Franco terminera le mandat de son prédécesseur, qui se prend fin en août 2013. Son gouvernement a été officiellement reconnu par le Canada, l'Espagne et l'Allemagne.

Les États-Unis ont exhorté les Paraguayens à agir de manière calme et responsable, mais n'ont pas précisé leur position par rapport à la situation.