Une liste de nom de près de 600 otages présumés en Colombie a été publiée jeudi à Bogota par une ONG qui tente d'identifier les personnes encore en captivité dans ce pays latino-américain.

«Avec la publication de cette liste, nous essayons de déterminer le statut de chaque cas : libéré, mort en captivité ou disparu», a expliqué à la presse Olga Gomez, la directrice de la Fondation «Pays libre».

La Colombie connaît depuis un demi-siècle un conflit avec des guérillas et divers groupes armés, issus en partie de milices paramilitaires démobilisées. Des centaines de civils ont disparu en raison de ces affrontements qui ont provoqué le déplacement de plusieurs millions de personnes.

«L'épuration de l'information officielle est le premier pas pour lancer une campagne de recherche de tous les civils séquestrés qui n'ont pas encore regagné leur foyer», a ajouté Mme Gomez.

La publication de cette liste, qui comporte 590 noms, survient plus de deux semaines après la libération par la guérilla communiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), la principale du pays, des derniers policiers et militaires retenus en otage.

Fondées en 1964, les FARC ont aussi renoncé depuis février à la pratique des enlèvements contre rançon, même si le groupe rebelle détiendrait encore plus d'une centaine de civils en otages, selon des associations, un chiffre que la guérilla n'a jamais confirmé.

«Nous avons besoin d'avoir une piste pour ces 590 cas afin que les autorités continuent leur enquête et pour exiger des groupes armés des informations authentiques sur ceux qui demeurent en captivité», a poursuivi Mme Gomez.

Plus des deux tiers des disparitions signalées dans le document sont antérieures à l'année 2001. Quelque 151 cas sont attribués par l'ONG aux FARC, 96 à l'ELN (Armée nationale de libération), la seconde guérilla du pays, 31 à des membres d'ex-milices et 40 à la délinquance commune.

Parmi les personnes disparues, plus de huit sur dix sont des hommes. Deux ressortissants étrangers figurent par ailleurs sur la liste: un homme et femme vénézuéliens, enlevés en 1999 et 2001.

Le chef des FARC prévient que négociation n'est pas reddition

Le numéro un des FARC, la principale guérilla de Colombie, a averti les autorités que sa volonté de négocier n'était pas synonyme de «reddition», dans une déclaration publiée jeudi.

«Pour notre part, s'asseoir pour discuter n'implique aucune sorte de reddition», affirme Timoleon Jimenez alias «Timochenko», le chef FARC, dans un message daté du 14 avril et publié sur le site internet de l'agence de presse Anncol.

Depuis le début de l'année, les FARC ont proposé au gouvernement d'ouvrir des négociations et ont renoncé aux enlèvements contre rançon, avant de libérer en avril les derniers policiers et militaires retenus en otages. Mais les deux camps continuent de s'opposer sur les modalités d'un dialogue.

Dans son message, le leader des FARC place son action dans le cadre de la lutte contre le capitalisme, dénonçant l'«enrichissement scandaleux et sauvage de quelques-uns» et «la dégradation des conditions de vie de la majorité».

«Ce sont les réalités qu'il faut aborder et auxquelles il faut chercher des solutions autour d'une table de discussions», poursuit «Timochenko», de son vrai nom Rodrigo Londoño. «Forts de cette conviction, nous sommes disposés à parler de paix avec l'actuel gouvernement», souligne-t-il.

Fondée en 1964 pour défendre les petits paysans, cette guérilla marxiste compte encore 9 000 combattants, essentiellement repliés dans les zones de montagne et de forêt, à la suite d'une série de revers militaires qui ont réduit ses troupes de moitié en dix ans.

Dans son message, le chef des rebelles accuse le président colombien Juan Manuel Santos une «double morale», lui reprochant de parler de paix tout en poursuivant les bombardements militaires, qui ont coûté la vie à plusieurs dirigeants de la guérilla ces dernières années.

Le chef de l'État, qui réclame la libération de tous les civils encore séquestrés et l'arrêt définitif des violences en préalable à tout dialogue, a récemment appelé les FARC à saisir la «dernière occasion» de trouver une issue au conflit.

Le gouvernement a mis fin il y a dix ans aux dernières et uniques négociations directes avec les FARC, estimant que la guérilla avait profité de la démilitarisation dans le sud du pays pour se renforcer. Un épisode que M. Santos invoque à plusieurs reprises pour expliquer sa prudence.