Une mission humanitaire a récupéré lundi dans la jungle en Colombie les dix derniers policiers et militaires encore séquestrés par les FARC, les plus anciens otages de la guérilla marxiste.

Ces otages, en captivité depuis 12 à 14 ans, ont embarqué à bord de deux hélicoptères de transport de l'armée brésilienne, mis à la disposition du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du collectif civil «Colombiens pour la paix».

«La libération des quatre militaires et six policiers détenus par les FARC a été confirmée», a annoncé Maria Critina Rivera, porte-parole du CICR dans une déclaration lue depuis l'aéroport de Villavicencio, capitale du département de Meta, à 110 km au sud de Bogota.

Les deux appareils avaient décollé dans la matinée depuis cette localité, où les attendaient les familles des otages et une délégation de personnalités étrangères, dont l'ancien prix Nobel de la Paix guatémaltèque, Rigoberta Menchu.

«Cela va avoir lieu, les gens peuvent être rassurés. C'est un fait, ce sera un succès total», avait prédit la présidente du collectif «Colombiens pour la paix», l'ancienne sénatrice Piedad Cordoba avant le décollage de la mission.

Leur remise en liberté s'est déroulée «au cours des dernières heures dans une zone rurale à la limite entre les départements de Meta et Guaviare», a précisé la porte-parole du CICR, confirmant qu'il s'agissait de la «totalité des personnes dont la libération était annoncé par le groupe armé».

Après avoir prévu une libération en deux groupes, lundi et mercredi, les rebelles marxistes des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), principale guérilla du pays, ont donc finalement relâché en une seule fois les otages.

Les autorités colombiennes s'étaient engagées de leur côté à suspendre les opérations militaires dans la zone de libération.

Les policiers et militaires devaient être transférés en fin de journée vers la capitale pour y passer des examens médicaux.

Leur libération avait été promise depuis plusieurs semaines par le groupe rebelle qui a proposé aux autorités de faire «le pari de la paix».

Une vingtaine d'otages ont déjà été relâchés dans des conditions similaires, avec l'aide du Brésil, dont les rebelles ont demandé la médiation en gage de neutralité. D'autres ont été secourus par l'armée, comme l'ancienne sénatrice franco-colombienne Ingrid Betancourt, libérée en juillet 2008.

Dix ans après l'échec de négociation avec le gouvernement, la libération des policiers et des militaires pourrait constituer un tournant pour les FARC qui les ont toujours considérés jusqu'ici comme une monnaie d'échange pour les rebelles emprisonnés.

Selon les autorités, deux policiers sont encore portés disparus, mais les FARC n'ont jamais revendiqué leur capture.

Fondée en 1964 pour défendre les petits paysans, la guérilla compte encore 9000 combattants, repliés dans les montagnes et les forêts, à la suite d'une série de revers militaires qui ont divisé ses troupes par deux en 10 ans et provoqué la mort de plusieurs de ses chefs.

Le groupe rebelle, qui détiendrait aussi plus d'une centaine d'otages civils, s'est également engagé à renoncer aux enlèvements contre rançon, une pratique qui assurait une partie de son financement.

En dépit de leurs appels à la paix, les FARC continuent de s'opposer régulièrement sur les modalités d'un dialogue avec les autorités qui réclament en préalable l'arrêt des violences et la libération de toutes les personnes séquestrées.