Quelque 1500 Indiens d'Équateur se sont rassemblés jeudi à Quito, à l'issue d'une grande marche de deux semaines à travers le pays, pour protester contre la politique du président Rafael Correa, dont les partisans se sont aussi mobilisés dans la rue.

La manifestation, organisée par la principale organisation indigène équatorienne, vise notamment à réclamer une loi pour encadrer la gestion de l'eau et protéger l'environnement contre les risques d'une exploitation à grande échelle des ressources naturelles.

«Nous ne sommes pas venus pour créer une déstabilisation, mais pour réclamer des lois qui n'ont pas été votées en cinq ans», a déclaré Humberto Cholango, président de la Confédération des nationalités indigènes d'Équateur (Conaie).

La marche indigène, qui a débuté le 8 mars, a parcouru 700 km depuis la province amazonienne de Zamora Chinchipe, dans le sud du pays, où le gouvernement a signé un gros contrat d'extraction de cuivre avec une compagnie chinoise.

Un millier de manifestants sont arrivés dès mercredi soir au sud de Quito, rejoints par 500 autres venus du nord, avant de converger vers le parc du Petit Arbre, dans le centre de la capitale.

«Jamais la violence n'a fait partie de notre culture, mais si on nous agresse, nous réagirons. Espérons que le calme l'emporte», a averti le président de la Conaie.

Dénonçant une tentative d'affaiblir son gouvernement, à moins d'un an de l'élection présidentielle prévue en février 2013, M. Correa, élu en 2007, a aussi réuni des milliers de ses partisans pour répondre à cette marche.

Le chef de l'État a appelé au «dialogue» avec la Conaie, qualifiant son initiative d'«échec», en allusion aux manifestations indigènes qui avaient réuni des centaines de milliers de personnes dans les années 1990.

La communauté amérindienne, qui affirme représenter le tiers des 14 millions d'habitants de l'Équateur, a déjà provoqué la chute de deux chefs d'État, Abdala Bucaram en 1997 et Jamil Mahuad en 2000.

«Merci à la contre-révolution. C'est ce qu'il nous fallait pour que désormais personne ne puisse nous arrêter», a ironisé un peu plus tard le chef de l'État depuis le balcon de son bureau.

M. Correa, qui est soutenu par d'autres associations indigènes, jouit toujours d'une forte popularité dans le pays andin pour avoir mis en oeuvre des programmes sociaux et procédé à une renégociation des contrats avec les multinationales.