Messages venus de Bogota ou d'ailleurs et diffusés sur les ondes du monde entier : la Colombie a vécu pendant cinq jours au rythme d'un «marathon» radiophonique, en soutien aux otages des groupes de guérilla et bandes armées encore actifs dans ce pays latino-américain.

Sur la grande place Bolivar, au centre de la capitale colombienne, plusieurs associations ont monté, de dimanche à jeudi, un petit studio improvisé, où les habitants, comme les proches des personnes séquestrées, ont pu venir exprimer leur solidarité.

Quelque 2 600 stations de radios dans le monde ont relayé une partie de ce programme qui aura duré au total près de 110 heures consécutives, un nouveau record après un précédent «marathon» de 90 heures organisé en 2009.

«Plus de 12 000 messages ont été lus et les réseaux sociaux s'en sont fait l'écho plus de 6 millions de fois», s'est félicité auprès de l'AFP le journaliste Herbin Hoyos, l'un des protagonistes du «marathon».

«Il n'y a pas d'autre manière que de montrer à la guérilla que nous sommes opposés à ses actes et qu'elle doit libérer les otages maintenant», poursuit-il.

L'opération s'est achevée jeudi, date symbolique puisqu'elle marquait le dixième anniversaire de l'enlèvement de l'ancienne sénatrice franco-colombienne Ingrid Betancourt.

A l'époque candidate à l'élection présidentielle, elle avait été enlevée par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) le 23 février 2002 au cours d'un déplacement électoral dans le sud du pays. Elle avait été libérée par une opération de l'armée six ans plus tard.

L'organisation du «marathon» intervenait alors que les Farc se sont engagées en décembre dernier à relâcher unilatéralement six membres des forces de l'ordre sur les onze qu'elles détiennent encore.

En rébellion depuis 1964 contre les autorités, la guérilla marxiste, la principale du pays avec encore près de 9 000 combattants, a depuis reporté cette promesse en invoquant des opérations militaires la visant.

Le «marathon» s'est conclu avec l'arrivée émouvante sur la place Bolivar de Natalia Duarte, la fille d'un des policiers enlevés, Carlos Jose Duarte, en captivité depuis douze ans.

Après avoir effectué une amrche de 72 kilomètres depuis le village de Fusagasuga, la jeune femme a éclaté en sanglots, réclamant aux Farc «de rendre ceux qui nous ont été pris, sans plus d'excuses».

Mais outre les onze otages dit «politiques», c'est-à-dire échangeable du point de vue des Farc contre des guérilléros actuellement incarcérés, des centaines de personnes sont également retenues en Colombie par des groupes armés illégaux, à des fins d'extorsion de fonds.

Durant le seul premier semestre de 2001, près de 117 enlèvements ont eu lieu, dont plus de la moitié sont dus à la délinquance commmune, selon l'ONG Pais Libre, qui oeuvre pour les familles des otages.

Une soixantaine de ces séquestrations sont attribuées au Farc, 13 à l'Armée de libération nationale (ELN), la seconde guérilla du pays, et quatre aux bandes issues des anciennes milices paramilitaires d'extrême droite.