Au moins 350 détenus ont péri  dans la nuit de mardi à mercredi dans l'incendie d'une ferme-prison au Honduras, à environ 90 km au nord de la capitale Tegucigalpa, ont annoncé les autorités locales, qui ont affirmé qu'il ne s'agissait pas d'une mutinerie.

«Plus de 350 morts. C'est une approximation. Nous n'excluons pas que ce soit un peu plus, mais nous procédons à des vérifications avant de donner un chiffre officiel et exact de cette tragédie», a déclaré le ministre de la Sécurité publique Pompeyo Bonilla, qui était sur le site de l'incendie.

Le commissaire hondurien pour les Droits de l'homme, Ramon Custodio, avait précisé dans l'après-midi que 357 prisonniers manquaient à l'appel. Mais «ça ne signifie pas qu'ils soient tous morts», car certains peuvent figurer parmi les blessés ou s'être échappés, avait-il dit.

La ferme pénitentiaire hébergeait presque 900 détenus, le double de sa capacité.

Selon le directeur des Centres pénitentiaires du pays, Danilo Orellana, «la plupart sont morts par asphyxie. Il ne s'agit pas d'une mutinerie, plusieurs modules ont pris feu et il y a une enquête sur les causes».

«Ils sont morts embrasés, ils se jetaient dans les douches et les éviers», a raconté un survivant à des médias locaux. Des photos prises sur les lieux montrent des corps carbonisés allongés pêle-mêle dans les couloirs des bâtiments ravagés par les flammes.

A l'hôpital Santa Teresa de Comayagua, 58 000 habitants, des détenus ont raconté leur enfer.

«C'était très triste, je me suis réveillé aux cris de compagnons qui étaient déjà en train de casser le toit en bois et en zinc. Nous sommes sortis et nous avons sauté. Nous avons dû nous jeter d'un mur, les autres mouraient dans les flammes», a témoigné auprès de l'AFP Victor Sevilla, âgé de 23 ans et condamné à 12 ans de réclusion pour homicide, qui a échappé à la mort au prix d'une fracture de la cheville.

Fabricio Contreras, 34 ans, a été l'un des premiers à parvenir à sortir et raconte comment les gardiens «ont tiré en l'air, en pensant que c'était une évasion».

Un mouvement de foule, après la lecture de la liste des survivants, a conduit un groupe d'environ 300 hommes, femmes et enfants à forcer les grilles du pénitencier pour y pénétrer afin d'obtenir des informations sur leurs proches. Les forces de l'ordre, visées par des jets de pierres, ont ramené le calme en tirant des coups de feu en l'air.

Le sinistre s'est déclaré à 22h50 heure locale mardi et a été contrôlé environ trois heures plus tard. Les autorités ont évoqué la piste d'un court-circuit ou d'un détenu ayant mis le feu à un matelas.

Toute la matinée, des corps et des blessés ont été évacués par les secours et les forces de l'ordre, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Cet accident «nous surprend parce que c'est une prison modèle. Il y a des programmes de réhabilitation. Les détenus cultivent des haricots, du maïs, il y a une ferme avicole et un élevage de porcs», a expliqué à l'AFP la gouverneur du département de Comayagua, Paola Castro, ancienne travailleuse sociale dans cette prison.

A Washington, le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza, a demandé à la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) d'envoyer une délégation au Honduras pour enquêter sur cet incendie.

Le président hondurien, Porfirio Lobo, a annoncé que les autorités pénitentiaires du pays étaient relevées de leurs fonctions le temps de l'enquête.

En mai 2004, une centaine de prisonniers étaient morts dans un incendie à la prison de San Pedro Sula, au Honduras.

Le Honduras, pays d'Amérique centrale qui détient le record mondial du taux d'homicides par habitants (plus de 80 pour 100 000 selon l'ONU), dispose de 24 centres de détention, d'une capacité totale de 8000 places, mais la population carcérale atteint 13 000 personnes pour 7,7 millions d'habitants.