Le gouvernement du Mexique a réaffirmé mardi son refus, comme les États-Unis, de légaliser les drogues, au lendemain d'une proposition en ce sens du président du Guatemala qui estimait que cela pourrait permettre de réduire la violence dans la région.

«Le problème du crime organisé va bien au-delà de la simple légalisation d'un produit, c'est un sujet qui va plus loin que le trafic de drogue», a assuré le ministre mexicain l'Intérieur, Alejandro Poiré (BIEN Poiré), au cours d'un forum international de trois jours sur le sujet organisé à Mexico.

La légalisation «augmenterait exponentiellement la violence dans la famille, le voisinage, la communauté», a-t-il poursuivi au premier jour du séminaire «Drogues, un bilan d'un siècle de prohibition».

Au Mexique, a rappelé M. Poiré, «ça n'est pas un délit de consommer des drogues». «Le crime organisé a plusieurs visages, pas seulement celui des drogues», a-t-il ajouté.

Plusieurs ex-présidents latinos-américains sont inscrits aux débats, parmi lequels Fernando Henrique Cardoso (Brésil) et César Gaviria (Colombie), qui ont présenté en 2011 aux Nations unies un rapport dénonçant «l'échec» de la lutte mondiale contre la drogue et demandé des changements «urgents», dont «la dépénalisation» de la consommation de cannabis.

Une proposition refusée à l'époque par les États-Unis, qui ont à nouveau manifesté lundi leur opposition à tout assouplissement dans l'usage ou la commercialisation de stupéfiants.

Lundi, le président guatémaltèque Otto Pérez (droite), avait déclaré que les gouvernements latinos-américains et des États unis devraient débattre de le légalisation des drogues en tant que moyen de réduire la vague de violences qui affecte le continent.

Alejandro Poiré a également défendu la politique mexicaine de lutte contre le trafic, qui a consisté à mobiliser plus de 50 000 soldats pour combattre les trafiquants. Cette stratégie est critiquée par des associations, qui accusent les forces armées d'atteintes aux droits de l'homme et estiment que leur déploiement n'a fait qu'augmenter la violence.

Les violences entre cartels, contre la population ou de la part des policiers et des militaires a fait plus de 50 000 morts au Mexique en cinq ans.

Lundi, dans un communiqué, l'ambassade des États unis au Guatemala a rappelé que Washington «continuait de s'opposer à cette mesure (la légalisation des drogues) parce que l'évidence» montre que le problème de la drogue «est une menace pour la santé et la sécurité publique».

Selon des chiffres de Washington, 90% de la cocaïne produite en Amérique du Sud pour le marché américain transite par l'Amérique centrale par voie terrestre ou maritime.

En 2011, les États unis affirment avoir dépensé plus de 12 milliards de dollars en programme internationaux contre la consommation, la production et le trafic de drogues.