Un ex-président de l'Assemblée nationale colombienne, Miguel Pinedo, a été condamné à neuf ans de prison et 3,4 millions de dollars d'amendes pour ses liens avec une ancienne organisation paramilitaire d'extrême droite, a annoncé la Cour suprême.

M. Pinedo est le troisième ancien président de l'Assemblée a être condamné pour des liens avec les milices Autodéfenses unies de Colombie (AUC). Parmi eux figure Mario Uribe, cousin de l'ancien chef de l'État Alvaro Uribe (2002-2010).

La Cour suprême de justice a reconnu M. Pinedo, président de l'Assemblée en 1999 et 2000, coupable de «complot en vue de soutenir des groupes armés hors la loi», selon le jugement rendu public jeudi.

Il a été condamné à 108 mois de prison et 11 000 salaires mensuels minimum d'amende.

Au cours de la dernière décennie, un groupe des AUC dirigé par Hernan Giraldo - extradé aux États-Unis en 2008 - a contraint des paysans de la province de Magdalena (nord-ouest) à voter pour M. Pinedo, membre au cours de sa longue carrière politique du Parti libéral et de Changement radical.

En 2011, Mario Uribe a été condamné à sept ans et cinq mois de prison, cependant qu'un troisième ancien président de l'Assemblée, Luis Humberto Gomez, a été condamné à neuf ans de prison, toujours pour des liens avec les milices d'extrême droite.

Les AUC avaient tissé des liens étroits avec la classe politique colombienne, au point qu'une centaine de responsables de plusieurs partis ont été condamnés pour ces relations.

Avant leur démobilisation entre 2003 et 2006, ces milices d'extrême droite, dont les AUC, ont pris leur essor au milieu des années 1980, officiellement pour défendre les propriétaires terriens contre les guérillas de gauche.

Elles ont peu à peu dominé des pans entiers du territoire colombien, s'appropriant des terres avec la complicité de l'armée, infiltrant les élites politiques locales et assassinant des milliers de civils.

Selon le rapport du parquet le plus récent, publié en 2010, 46 154 homicides ont été avoués par leurs auteurs dans le cadre de la loi Justice et paix depuis le début du processus de démobilisation intervenu à l'initiative président Uribe, qui leur promettait des peines allégées en échange de la confession de leurs crimes