Plus de 2000 indiens amazoniens de Bolivie ont défilé lundi à La Paz, au terme d'une marche de 400 km pour certains, pour réclamer la construction d'une route au centre du pays andin, un chantier controversé qu'une autre marche indigène, en octobre, a fait annuler.

Les marcheurs sont arrivés dans l'après-midi dans la capitale, où leurs dirigeants devaient être reçus par l'exécutif, et envisageaient un sit-in pacifique place Murillo, siège du gouvernement et du Parlement, a indiqué à l'AFP un de leurs dirigeants, Gumercindo Pradel.

Cette marche, soutenue par le président socialiste Evo Morales, était partie mi-décembre du Chapare (centre) avec quelque 400 personnes issues de diverses ethnies amazoniennes, yuracarés, chimanes, moxenos notamment.

Elle se veut une riposte à la marche indigène de 600 km, qui de Trinidad (nord) à La Paz avait défié le gouvernement d'août à octobre, au nom de la défense de l'environnement et de leurs terres, jusqu'à obtenir l'annulation du projet routier.

La route controversée, de 300 km, doit relier les deux provinces enclavées de Cochabamba et Beni, mais elle doit aussi couper un parc naturel, le Tipnis, terre ancestrale de quelque 50.000 Indiens amazoniens.

La marche contre la route du Tipnis était devenue le symbole du désenchantement d'une partie des communautés indiennes vis-à-vis de M. Morales, le premier chef d'État amérindien de Bolivie, au pouvoir depuis 2006.

M. Morales a récemment accusé les marcheurs d'octobre, que l'opposition encourageait, d'être politisés et d'avoir voulu le renverser.

L'opposition de droite en retour a accusé la deuxième marche d'être orchestrée par les partisans de M. Morales, en particulier par les syndicats cultivateurs de coca du Chapare, qui ont un intérêt économique direct à la route à travers le Tipnis.

David Ibanez, un des marcheurs de lundi, accompagné de son épouse et de son fils, a affirmé à l'AFP que «la route signifie le développement pour San Ignacio de Moxos, où nous vivons isolés, et le développement pour la Bolivie».