L'ancien dictateur guatémaltèque Efrain Rios Montt devra se présenter en cour dans le cadre d'une affaire de génocide s'intéressant à des crimes commis contre des autochtones locaux lors de son gouvernement des années 1980, a annoncé samedi un procureur fédéral.

Le général à la retraite devra témoigner jeudi devant la juge Carol Flores, qui décidera si elle ira de l'avant avec les accusations de génocide, a précisé le procureur Manuel Vasquez.

Selon lui, il existe suffisamment de preuves pour déposer des accusations de génocide et de crimes contre l'humanité.

M. Rios Montt a dirigé le Guatemala de 1982 à 1983 après un coup d'État militaire et a été accusé d'avoir orchestré quelques-uns des pires massacres de la guerre civile de 1963 à 1996. Il possédait l'immunité législative jusqu'à ce que son mandat de membre du Congrès arrive à terme le 14 janvier.

M. Rios Montt dit avoir pris part à la guerre et se dit prêt à faire face à la justice.

Dans l'affaire en question, l'armée est impliquée dans au moins 100 incidents impliquant minimalement 1771 morts, 1400 violations des droits de la personnes et l'expulsion d'au moins 29 000 personnes, a précisé le procureur Vasquez.

Le dossier comprend les premières accusations de génocide du pays déposées contre les généraux à la retraite Mauricio Rodriguez Sanchez et Hector Mario Lopez Fuentes, le chef d'état-major sous l'autorité de M. Rios Montt.

Les accusations de crimes contre l'humanité ont été suspendues plus tôt ce mois-ci en ce qui concerne le général à la retraite Oscar Humberto Mejia, le ministre de la Défense pour M. Rios Montt qui l'a plus tard renversé pour accéder à la présidence. La cour a déterminé que Mejia n'avait pas les capacités physiques ou mentales pour subir un procès.

MM. Rodriguez et Lopez ont eux aussi argué que leur état ne leur permet pas d'être traînés en cour. Tous sont octogénaires.

Le conflit armé au Guatemala a pris fin après trois décennies, en 1996, avec la signature d'accords de paix entre le gouvernement et les guérillas gauchistes. Le conflit a fait plus de 200 000 morts et disparus, selon un rapport onusien, 93 pour cent des incidents étant attribués aux forces nationales et aux groupes paramilitaires.

Rigoberta Menchu, lauréate du Prix Nobel de la paix en 1992, a elle aussi accusé M. Rios Montt de génocide devant une Cour espagnole.