L'ex-guérillero Daniel Ortega entame mardi un troisième mandat de cinq ans, le second consécutif, à la tête du Nicaragua, un des pays les plus pauvres de la planète, avec une domination consolidée au Parlement qui fait craindre à ses opposants une dérive autocratique.

La cérémonie d'investiture devait se dérouler mardi après-midi en présence de chefs d'État étrangers, parmi lesquels l'Iranien Mahmoud Ahmadinejad, en pleine crise diplomatique avec les pays occidentaux en raison de son programme nucléaire, et qui effectue une tournée régionale.

Daniel Ortega, qui a troqué l'uniforme vert du guérillero pour les chemises blanches et les envolées messianiques, a été réélu en novembre avec 62% des suffrages - un résultat contesté par l'opposition - et bénéficiera d'une large majorité au Parlement unicaméral, suffisante pour permettre toute révision constitutionnelle sans avoir à passer d'alliances politiques.

Mais son parti, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), a écarté pour le moment toute modification de la législation en vue de permettre au «Commandant Daniel» d'être élu indéfiniment à la tête de l'État et entame cette législature face au défi de la pauvreté, qui touche 45% des 5,8 millions de Nicaraguayens.

L'élément-clé du dispositif de M. Ortega est son allié vénézuélien Hugo Chavez, arrivé mardi après-midi à Managua, qui verse annuellement environ 500 millions de dollars au Nicaragua - quasiment un salaire minimum par habitant.

Aujourd'hui, «commence une période très importante, pas seulement pour le Nicaragua, mais aussi pour l'Alba (Alliance bolivarienne pour les Amériques), pour l'Amérique centrale», a déclaré M. Chavez à sa descente d'avion avant de rejoindre le centre de la capitale, salué par des milliers de Nicaraguayens.

Peu auparavant, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad était arrivé pour une étape d'à peine 18 heures dans sa tournée régionale, qui l'a déjà mené à Caracas lundi avant Cuba mercredi et l'Equateur jeudi, quatre pays alliés dirigés par une gauche radicale hostile aux États-Unis.

«Je suis très heureux d'être sur la terre de la Révolution (...) Ces deux peuples (nicaraguayen et iranien), en différents points de la Terre, luttent pour établir la solidarité et la justice», a-t-il affirmé.

Dans la matinée, étaient déjà arrivés à Managua le prince héritier d'Espagne, Philippe de Bourbon - qui s'est entretenu avec le président Ortega - et le vice-président cubain, Ramiro Valdez. Plusieurs autres présidents latino-américains sont attendus.

A 66 ans, Daniel Ortega «dispose désormais de tout le pouvoir qu'il n'avait pas avant (...), il a la grande opportunité de décider d'être un dictateur ou un homme d'État», a commenté l'ex-vice-ministre des Finances Rene Vallecillo, dans un entretien avec l'AFP.

La cérémonie d'investiture, prévue pour environ 17h00 heure locale, doit se dérouler sous un arc de triomphe érigé pour l'occasion sur la Place de la Révolution, centre de la capitale nicaraguayenne avant le tremblement de terre qui a ravagé Managua en 1972.

M. Ortega avait déjà été, entre 1984 et 1989, le premier président élu du Nicaragua, après que la guérilla sandiniste, dont il était l'un des principaux dirigeants, eut renversé en 1979 la dictature des Somoza. Il était revenu au pouvoir en 2007 après deux échecs, en 1996 et 2001.

Ancienne bête noire des États-Unis - qui avaient soutenu et financé les «Contras» antisandinistes pendant la guerre civile des années 1980 -, il a abandonné le marxisme de ses débuts pour s'afficher désormais en social-démocrate très porté sur la religion.