La présidente de l'Argentine, Cristina Fernandez, ne souffrait finalement pas d'un cancer.

Après que certains des meilleurs chirurgiens spécialisés en cancer du pays aient procédé à l'ablation complète de sa glande thyroïde, des examens ont montré qu'aucune cellule cancéreuse ne s'y trouvait, a indiqué samedi le porte-parole présidentiel Alfredo Scoccimarro.

«L'Unité médicale présidentielle a eu le plaisir d'annoncer que ... l'examen des tissus avait permis d'écarter la possibilité de la présence de cellules cancéreuses dans les glandes thyroïdiennes, ce qui vient modifier le diagnostic original», a-t-il déclaré.

Mme Fernandez n'a même pas besoin d'avaler l'iode radioactive que les patients prennent habituellement après une chirurgie pour le cancer de la thyroïde, pour s'assurer que les cellules cancéreuses pouvant demeurer dans l'organisme sont tuées, a ajouté le porte-parole.

La présidente a subi une opération mercredi, seulement 25 jours après avoir amorcé son deuxième mandat. Elle est sortie de l'hôpital et reprend des forces dans la résidence présidentielle dans la banlieue de Buenos Aires.

Le problème est que sans sa glande thyroïde, la leader de 58 ans pourrait devoir suivre une thérapie hormonale pendant le restant de ses jours.

Les diagnostics de cancer de la thyroïde préopératoires sont particulièrement difficiles. Les experts estiment que le fait de déterminer si une croissance des cellules est bénigne ou cancéreuse peut être impossible sans enlever au moins une partie de la thyroïde, et plusieurs docteurs optent pour l'ablation complète afin de s'en assurer.

Dans le cas de la présidente, des tests postopératoires ont été nécessaires pour démontrer si les cellules étaient saines.

Mme Fernandez a remercié l'équipe médicale menée par le chirurgien en chef de l'hôpital, le Dr Pedro Saco, un expert dans les cancers de la tête et du cou.

Plus tard, samedi, la présidente a ajouté ses propres impressions dans un message publié sur Twitter.

«En direct d'Olivos, nous remercions tous les citoyens, les activistes, les personnalités connues pour leurs preuves d'affection et leur intérêt».

La nouvelle a suscité des cris d'encouragement et des vivas de la part de plusieurs centaines de partisans qui tenaient vigie depuis plusieurs jours à l'extérieur de l'hôpital, portant des panneaux indiquant «Sois forte Cristina!».

L'idée que la présidente était atteinte du cancer a inquiété plusieurs Argentins, qui l'ont reportée au pouvoir avec 54 pour cent des voix en octobre, entre autres en raison du fait qu'aucun de ses rivaux ne semblait capable de maintenir une telle croissance économique et stabilité sociale.

Depuis qu'elle et son défunt mari (et prédécesseur), Nestor Kirchner, ont commencé à gouverner en 2003, l'Argentine est sorti d'un désastreux défaut de paiement de sa dette et d'une importante dévaluation de sa monnaie survenus l'année précédente.

L'économie a crû de 7,6 pour cent par année en moyenne, la pauvreté et le chômage sont en baisse, et l'écart entre les riches et les pauvres s'est réduit. Leurs administrations ont transféré des milliards de dollars aux pauvres via des programmes sociaux.

Leur style de présidence a toutefois été très personnel, concentrant le pouvoir au sein d'un très petit cercle de conseillers loyaux. La mort subite de M. Kirchner en 2010, d'une crise cardiaque, alors que sa femme en était à son premier mandat, a poussé plusieurs Argentins à se demander si sa femme serait capable de maintenir le modèle de gouvernance du couple, et le diagnostic de cancer a renouvelé ces peurs.