À l'approche du deuxième anniversaire du tremblement de terre dévastateur en Haïti, un demi-million de personnes vivent toujours sous des bâches et des abris de fortune pendant que le choléra s'est définitivement installé.

C'est ce qu'a notamment rapporté la Coalition humanitaire, un regroupement de cinq organismes oeuvrant en Haïti, lors d'un bilan fait jeudi du travail accompli depuis le séisme du 12 janvier 2010.

Les membres de la Coalition - Oxfam Canada, Oxfam-Québec, Care Canada, Save the Children et Plan Canada - sont incapables pour l'instant de déterminer quand ces 500 000 sans-abris pourront réintégrer un logement stable.

Il s'agit d'ailleurs de l'un des problèmes les plus critiques actuellement, selon Claude St-Pierre d'Oxfam. Ce demi-million d'Haïtiens sans logement seraient de plus répartis dans 700 endroits différents, et cela, uniquement à Port-au-Prince, selon lui.

«Il y a de nombreux besoins très criants», rappelle Monique Morazain de l'organisme Save the Children Canada.

Parmi ceux-ci, les problèmes d'hygiène et de santé dominent. De nombreuses amputations ont dû être effectuées vu les conditions d'urgence, et les prothèses manquent toujours, notamment pour les enfants, indique-t-elle pour illustrer la situation.

«Le choléra est devenu une présence réelle en Haïti», déplore également Nicolas Moyer, directeur général de la Coalition. L'épidémie a éclaté en octobre 2010 et a entraîné la mort de milliers de personnes.

Et le retour à la normale est difficile, lorsque près de 70 % es Haïtiens n'ont toujours pas d'emploi, ni accès à des services de base, soulignent les organismes.

Ils notent cependant que beaucoup de progrès ont été accomplis.

Quelque 650 écoles ont été reconstruites, plus d'un million et demi d'enfants reçoivent quotidiennement des repas à l'école. Des douzaines d'hôpitaux ont été remis en opération.

Et plus de 50 % des débris du tremblement de terre ont été enlevés, ce qui représente quelque cinq millions de mètres cubes de matériaux de toutes sortes.

Les efforts de reconstruction ont toutefois été ralentis par l'impasse politique dans laquelle le pays s'est retrouvé avec les élections contestées. Mais les membres de la Coalition assurent que de façon générale, les autorités coopèrent bien avec les organisations humanitaires.

La Coalition a de plus salué les efforts du gouvernement canadien qui a déboursé 90 pour cent des fonds promis suite au tremblement de terre, comparativement à 47 pour cent des fonds internationaux promis qui sont toujours manquants.

«Il (le Canada) a une bonne performance par rapport aux autres donateurs», relève la Coalition.

Il est clair que le gouvernement du Canada continue de faire d'Haïti une priorité en ce qui concerne l'aide au développement. L'Agence canadienne de développement internationale (ACDI) a récemment relancé les appels de soumission de projets, rapportent les organismes.

Selon elle, le principal défi en Haïti sera la transition de l'aide d'urgence vers le développement et la reconstruction à long terme du pays.

«Il ne faut pas oublier Haïti. Il ne faut pas oublier qu'avant le tremblement de terre, les choses n'étaient pas ce qu'elles devaient être. Il s'agit d'un défi de développement à long terme», a tenu à préciser Claude St-Pierre.

Le séisme de 2010 a fait plus de 200 000 morts et jeté à la rue plus d'un million d'Haïtiens. Il a détruit le palais présidentiel, le parlement, le palais de justice ainsi qu'un nombre incalculable de résidences, d'édifices et de routes. Le principal port d'Haïti a aussi subi de lourds dommages et l'économie du pays a été réduite en miettes.