Le président du Pérou Ollanta Humala a annoncé dimanche la proclamation de l'état d'urgence, qui autorise le déploiement de l'armée, dans la province de Cajamarca (nord), théâtre depuis 10 jours de manifestations contre un projet de mine d'or et de cuivre.

Dans un message à la nation, Humala a déclaré l'état d'urgence «à partir de minuit (ce) lundi» pour une période de 60 jours, afin de rétablir «la paix et l'ordre interne», après une journée marquée par l'échec du dialogue avec les opposants à la mine Conga, du groupe américain Newmont.

L'état d'urgence autorise le déploiement de l'armée en appui de la police pour le maintien de l'ordre. Il restreint également les droits de rassemblements et de manifestations.

Depuis dix jours, la province andine de Cajamarca, à 850 km au nord de Lima, est en partie paralysée par une série de manifestations et de bloquages de routes contre le projet de mine d'or et de cuivre Conga, plus gros investissement minier du pays (4,8 milliards de dollars), qui doit voir le jour d'ici 2014.

Les opposants au projet redoutent principalement l'impact de la mine sur les fragiles ressources en eau de la région.

Lors de violences sporadiques, sept civils et trois policiers avaient été blessés mardi, et deux petits locaux du chantier minier Conga avaient été incendiés.

Le conflit est perçu comme l'épreuve sociale la plus sévère pour le président de gauche Humala depuis son arrivée au pouvoir en juillet.

Pendant près de dix heures dimanche, une délégation de cinq ministres, conduite par le premier ministre Salomon Lerner, avait négocié à Cajamarca avec des dirigeants locaux de la protestation, sans résultat.

Dans son message, le président Humala a dénoncé «l'intransigeance» des protestataires.

Généralement localisé, l'état d'urgence n'est pas une mesure exceptionnelle au Pérou. Le gouvernement l'a par exemple décrété en septembre dans plusieurs districts de l'est du pays, sur fond de tensions avec des cultivateurs de coca hostiles à la politique d'arrachage.