Le groupe criminel des Zetas est probablement derrière les tueries qui ont fait 50 morts en deux jours dans deux États de l'ouest du Mexique, fiefs du cartel de Sinaloa, dans un nouvel épisode de la guerre de la drogue qui a fait plus de 45 000 morts depuis fin 2006.

Le message de revendication des Zetas laissé près des 26 corps abandonnés jeudi dans trois véhicules en plein centre de Guadalajara, la deuxième ville du Mexique, désigne les cibles du massacre: le cartel de Sinaloa et son chef Joaquin Guzman, dit «El Chapo» («le Petit»), le narcotrafiquant le plus recherché du Mexique et des États-Unis.

Ce message dénonce également une supposée alliance entre «El Chapo» et les gouverneurs des États du Sinaloa, où avaient été retrouvés mercredi 24 corps, et de celui du Jalisco, dont la capitale est Guadalajara.

Les tueries de Guadalajara et du Sinaloa sont intervenues deux mois après des massacres similaires dans le port de Veracruz, sur la côte est du Mexique. Ces tueries avaient été attribuées par les autorités aux «Matazetas» (tueurs de Zetas), un groupe lié au cartel de Sinaloa.

«Derrière les attaques de Guadalajara et du Sinaloa il y aurait l'esprit de vengeance des Zetas alimenté par les attaques subies à Veracruz», explique à l'AFP Dante Haro, un chercheur sur les questions de sécurité de l'université de Guadalajara.

Selon l'expert, il est significatif que les corps aient été retrouvés à Guadalajara, ville de plus de 4 millions d'habitants et jusqu'à présent relativement épargnée par la vague de violence qui a fait quelque 45 000 morts depuis décembre 2006, date du lancement par le président Felipe Calderon d'une offensive militaire contre les narcotrafiquants.

«L'État du Jalisco avait des indices de violence moindres que d'autres régions du Mexique, mais la criminalité était à la hausse», selon M. Haro. Ce dernier rappelle que l'an dernier, les autorités avaient procédé à la capture de plusieurs chefs «narcos», et l'un des dirigeants du cartel de Sinaloa, Ignacio Coronel, y avait été abattu lors d'une opération militaire courant 2010.

Ces opérations avaient fait perdre à la ville son statut de «zone neutre dans laquelle les +capos+ protègent leurs familles».

Pour Raul Benitez Manuat, du Centre de recherches sur l'Amérique du Nord de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), l'incursion des Zetas dans des zones du cartel de Sinaloa pourrait ouvrir un nouveau front sanglant comme ceux qu'ont connu ces dernières années des villes comme Tijuana et Ciudad Juarez, à la frontière avec les États-Unis, ainsi que Monterrey, le pôle  industriel du nord du Mexique, plus récemment.

Jusqu'à présent, les Zetas, un groupe criminel créé et dirigé par d'anciens militaires d'élite de l'armée mexicaine, opéraient essentiellement sur la côte du Golfe du Mexique, à l'est du pays.

«Mais une action aussi directe pourrait laisser présager un accroissement de la violence, maintenant du côté du Pacifique», selon M. Manuat.

Début octobre, le chef du renseignement de l'agence anti-drogue des États-Unis, la DEA, Rodney Benson, avait assuré que le cartel de Sinaloa avait fait alliance avec les cartels du Golfe (implanté à l'est) et de La Familia, actif dans l'État du Michoacan (ouest) contre les Zetas.

L'attaque de Guadalajara pourrait représenter le premier signe d'une contre-offensive sur le terrain d'une organisation considérée comme la plus violente du Mexique, avec notamment à son actif l'exécution en août 2010 de 72 émigrants clandestins ou l'incendie volontaire en août dernier d'un casino de Monterrey, qui avait fait 52 victimes.