La police de Rio se prépare à reconquérir la Rocinha, plus grande favela de Rio située au coeur des quartiers les plus riches de la ville, et le baron local du trafic de drogue a déjà donné une grande fête pour célébrer ses adieux.
Mercredi à l'aube, une cinquantaine d'hommes des troupes de choc de la Police militaire ont, comme la veille, établi un barrage sur la principale voie d'accès à la favela pour fouiller les véhicules. Aucun incident n'a été enregistré, selon la police.
La Rocinha où vivent plus de 120 000 personnes, l'un des bastions du trafic de drogue, selon la police, sera la dix-neuvième favela à être reprise aux narcotrafiquants qui y font la loi depuis trente ans. La pacification de sa voisine Vidigal est prévue simultanément.
Ces deux favelas emblématiques dominent les quartiers riches et résidentiels de Leblon, Gavea et Sao Conrado.
Les autorités ont lancé depuis 2008 de vastes opérations pour pacifier les quartiers pauvres de Rio contrôlés par les narcotrafiquants et les milices paramilitaires avant les compétitions sportives du Mondial 2014 de football (soccer) et des jeux Olympiques de 2016.
Selon la presse, la reconquête de la Rocinha pourrait avoir lieu dimanche, mais, interrogé par l'AFP, un porte-parole du secrétariat à la Sécurité s'est refusé à confirmer la date.
Les contrôles policiers de ces derniers jours «sont des opérations de routine», selon ce porte-parole. Toutefois, pour le quotidien O Dia mercredi ces opérations ont pour but «d'asphyxier le trafic de drogue» avant l'assaut par les forces de l'ordre qui recevront le soutien de fusiliers marins.
Mercredi, certains habitants quittaient la favela par crainte d'échanges de tirs meurtriers entre policiers et narcotrafiquants lors de l'opération policière.
L'imminence de cette opération a été renforcée après que le chef du trafic de drogue local, Antonio Francisco Bomfim Lopes, alias «Nem», eut donné dimanche soir une fête d'adieu et imposé un «couvre-feu» aux habitants.
«À partir de jeudi, tout le monde devra rester chez soi et les enfants devront éviter d'aller à l'école. Cela suscite des craintes, car on n'a pas où aller (...) La seule solution est de rester chez soi et de prier», a dit une habitante au journal O Globo sous couvert de l'anonymat.
La police a offert 5000 reais (3400$) de récompense à quiconque donnerait des informations sur Nem, qui est activement recherché.
Lors de la fête largement arrosée au whisky, Nem a mélangé l'alcool à de l'ectasy et a eu une convulsion qui l'a obligé à se faire soigner au centre de santé de la Rocinha, selon la police.
«Selon des informations, il aurait mélangé drogues et alcool (...) Nous enquêtons pour essayer de le capturer», a déclaré à la TV Globo news, le commissaire Carlos Augusto Nogueira Pinto.
«Il est arrivé à l'hôpital avec de nombreux comparses fortement armés et est resté très peu de temps», a ajouté le commissaire.
Pendant la fête, Nem aurait «pleuré» en faisant ses adieux, selon la presse.
Le 28 novembre 2010, 2600 militaires et policiers de choc, appuyés par des blindés et des hélicoptères, avaient repris, sans coup férir, le Complexo do Alemao après une semaine de violences urbaines qui s'étaient soldées par 37 morts. La télévision avait filmé par hélicoptère des dizaines de trafiquants fortement armés prenant la fuite.
À Rio, plus de 1,5 million de personnes vivent dans quelque mille favelas, soit près d'un tiers de la population intra-muros.