Le camp du président nicaraguayen sortant Daniel Ortega a revendiqué lundi sa victoire pour un troisième mandat à la présidentielle de dimanche, le sortant étant largement en tête des résultats partiels, avec 64% des voix sur 38% des suffrages dépouillés.

«C'est une victoire du christianisme, du socialisme et de la solidarité», a déclaré à une radio la porte-parole et épouse du président Ortega, Rosario Murillo. «Nous promettons de continuer à oeuvrer pour le bien commun».

M. Ortega affrontait quatre candidats de droite, dont Fabio Gadea, un entrepreneur octogénaire et professionnel de la radio, qui arrive 2e avec 29%. Le parti de M. Gadea a appelé au «calme et à la patience» en l'attente des résultats complets.

Des milliers de Nicaraguayens avaient déjà envahi les rues de Managua peu avant la proclamation des résultats pour manifester leur joie à coups d'avertisseurs.

Le principal enjeu du scrutin résidait dans le résultat des législatives qui se déroulaient le même jour, M. Ortega partant grand favori.

L'ancien guérillero de 65 ans, allié du président vénézuélien Hugo Chavez, a obtenu de la Cour suprême une décision controversée l'autorisant à briguer un deuxième mandat consécutif de cinq ans, contrairement à ce que prévoit la Constitution nicaraguayenne.

«Ce vote va être très favorable au Front sandiniste, parce que c'est la première fois qu'on organise une élection sans crainte» en faveur du sandinisme, qui a démontré sa capacité à gouverner en paix, a déclaré M. Ortega, qui avait prédit une participation «massive» après avoir voté à Managua.

Les quelque 3,4 millions d'électeurs de plus de 16 ans du pays le plus grand, mais aussi le plus pauvre, d'Amérique centrale, étaient appelés à se prononcer sous la surveillance d'observateurs internationaux, en particulier de l'Union européenne et de l'Organisation des États américains (OEA).

Luis Yanez, le chef de la mission de l'Union européenne, à la tête d'une centaine d'observateurs dans les 15 départements et deux régions autonomes du pays, a indiqué avoir constaté des anomalies pendant le scrutin.

Dante Caputo, chef des observateurs de l'OEA, a déploré devant la presse que ses équipes aient rencontré des «difficultés» pour accéder à 20% des 52 bureaux de vote dans lesquels ils avaient prévu de se rendre, sans fournir plus de précisions.

Les autorités ont appelé au calme samedi après des heurts enregistrés dans plusieurs localités entre partisans de Daniel Ortega et opposants, qui ont notamment fait au moins 17 blessés dans le département de Matagalpa (nord).

M. Ortega avait déjà été, entre 1984 et 1989, le premier président élu du pays, après que la guérilla sandiniste, dont il était un des principaux dirigeants, eut renversé en 1979 la dictature des Somoza. Il était revenu au pouvoir en 2007 après deux échecs en 1996 et 2001.

L'ex-guérillero, ancienne bête noire de Washington - qui avait soutenu et financé les «Contras» anti-sandinistes pendant la guerre civile des années 1980 - a abandonné le marxisme de ses débuts pour s'afficher désormais en croyant social-démocrate, promettant un Nicaragua «chrétien, socialiste et solidaire».

Méfiant envers la presse et peu porté sur les bains de foule, M. Ortega a su apprivoiser les milieux d'affaires et les organismes internationaux et bénéficie toujours du soutien des couches les plus défavorisées de la population, ciblées par de nombreux programmes sociaux financés avec l'aide du Venezuela.

Pour être élu au premier tour, un candidat doit obtenir au moins 40% des suffrages ou plus de 35% et cinq points d'avance sur le deuxième. Dans le cas contraire, un second tour serait organisé le 21 décembre.

Les électeurs devaient également renouveler au scrutin proportionnel à un tour 90 élus du Parlement unicaméral, où le Front sandiniste de libération nationale (FSNL) du président Ortega ne dispose pas de la majorité absolue.