Le premier camion de marchandises mexicain autorisé à entrer aux États-Unis pour y circuler librement a traversé vendredi le pont frontière de Nuevo Laredo, après 16 ans d'un différend qui empêchait l'application d'une mesure prévue par l'Accord de  libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Le camion de l'entreprise Tranportes Olympic, transportant sur une plateforme une tour de forage pétrolier, a traversé la frontière avec une heure de retard sur l'horaire prévu.

«C'est un jour historique pour Nuevo Laredo», a dit à l'AFP Benjamin Galvan maire de la ville. «Nous sommes la principale ville douanière et le principal pont frontière d'Amérique latine», a-t-il ajouté.

Basée à Monterrey (nord) la compagnie Transportes Olympic, a été la première à obtenir une autorisation après la signature d'un accord entre les deux pays le 6 juillet.

La circulation de camions mexicains aux États-Unis devait entrer en vigueur en 1995, un an après la signature de l'ALÉNA, mais les autorités et les syndicats de transporteurs des États-Unis s'y étaient opposés en alléguant que les entreprises mexicaines ne remplissaient pas les conditions de sécurité et d'environnement.

Les camions mexicains passant la frontière devaient jusqu'à présent transférer leurs marchandises à des compagnies de transport américaines à des postes proches de la frontière.

Près de 70% du commerce bilatéral entre le Mexique et les États-Unis, de l'ordre de 400 milliards de dollars au total, dépend de la voie terrestre.

Malgré cette grande première, les transporteurs mexicains restent sceptiques. «Nous n'allons pas voir demain passer mille camions», a dit à l'AFP Juan Carlos Munoz, président de la Chambre nationale du transport routier de marchandises (Canacar) du Mexique.

Son organisation souligne que les exigences de sécurité et d'environnement des États-Unis restent restrictives pour les transporteurs mexicains.

La nouvelle n'enthousiasme pas la famille Arreola, propriétaire d'une petite entreprise de sept camions basée à Mexico. «Il mettent beaucoup de conditions que malheureusement la majorité des transporteurs mexicains ne peuvent pas satisfaire», a dit à l'AFP Ivonne Arreola.

L'accord, selon les chiffres officiels va réduire de 15% le coût du transport, mais pour Ivonne, les seuls bénéficiaires seront les grandes entreprises de transport.

Les petits transporteurs des États-Unis ont exprimé pour leur part leur mécontentement devant le risque pour l'emploi. «Ce programme va mettre en péril des dizaines de milliers de petites entreprises de  camionneurs basés aux États-Unis», affirme leur association, dans un communiqué émis à Chicago.

D'autres préventions existent aux États-Unis concernant le transport de drogue par voie terrestre en provenance du Mexique, en dépit des stricts contrôles douaniers.