Un face-à-face tendu opposait dimanche dans le nord-est de la Bolivie un millier de manifestants indiens d'Amazonie, en marche depuis un mois vers La Paz, et des partisans du gouvernement résolus à leur barrer la route.

Un cordon de dizaines de policiers séparait les deux groupes, distants de moins de 500 mètres, à l'extérieur du village de Yucumo, à 320 km au nord-est de la capitale La Paz, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les Indiens amazoniens protestent contre un projet gouvernemental de route à travers un parc naturel qui est la terre ancestrale de 50 000 Amérindiens.

Les marcheurs sont arrivés samedi soir à Yucumo après une journée de tensions, qui les a vus forcer un barrage de police à 7 km de là, et retenir un ministre pendant plusieurs heures, le forçant à cheminer avec eux.

Quatre policiers ont été blessés au cours des bousculades, dont deux par des flèches que les Indiens tenaient en main.

À Yucumo environ 200 paysans indiens les attendaient, dont nombre de cultivateurs de coca, alliés politiques du président socialiste Evo Morales, qui ont érigé un barrage de troncs et de tranchées.

«Nous ne laisserons pas avancer cette marche», a affirmé dimanche un dirigeant de ces paysans, Adrian Lovera. «C'est une marche qui utilise nos frères indigènes à des fins politiques».

Le ministre des Affaires étrangères David Choquehuanca, retenu la veille par les marcheurs, a estimé que «la situation est compliquée» à Yucumo, d'autant que d'éventuels émissaires du gouvernement ne voudront plus y aller, au vu de sa mésaventure de samedi.

La marche indienne, partie il y a un mois de Trinidad (nord) pour un périple de 600 km menant à La Paz, a perdu ces dernières semaines quelques centaines de participants. Mais elle a par contre gagné en soutiens politiques, cristallisant le mécontentement d'opposants, ou d'anciens alliés du gouvernement.

La principale centrale syndicale de Bolivie, la COB, a appelé à une grève générale pour mercredi, en soutien aux marcheurs indigènes.