Quatre policiers ont été blessés samedi dans le nord-est de la Bolivie dans des heurts avec des manifestants indigènes, qui ont retenu le ministre des Affaires étrangères pendant quatre heures, lors d'une subite hausse de tension autour d'une marche indigène.

Un millier d'Indiens amazoniens, qui marchent depuis un mois vers la capitale La Paz pour protester contre un projet routier à travers des terres ancestrales, ont utilisé le ministre David Choquehuanca comme une sorte de bouclier, pour franchir un barrage de police à Chacarina (327 km de La Paz).

Choquehuanca, serré de prés par plusieurs femmes participant à la marche, a été forcé de faire près de 8 kilomètres avec eux, avant d'être libéré. Un vice-ministre qui l'accompagnait a également été contraint à marcher plusieurs kilomètres, tous deux sous les insultes des indigènes, a constaté l'AFP.

Les policiers ont tenté, en vain, de contenir les marcheurs, sans faire usage de la force.

Les marcheurs campaient samedi soir à l'extérieur de Yucumo, à quelques centaines de mètres à peine d'un barrage routier tenu par environ 200 contre-manifestants, partisans du gouvernement Morales, soulevant un risque d'affrontements.

Plusieurs dizaines de policiers étaient postés entre les eux groupes.

Dans les bousculades avec les marcheurs samedi, deux policiers ont été blessés, un à la lèvre et l'autre à la pommette, par des flèches tenues en mains par des indigènes, deux autres souffrant de contusion, a indiqué le ministre de l'Intérieur Sacha Llorenti samedi soir.

«Ils m'ont obligé à marcher, ils m'ont obligé», a répété le ministre Choquehuanca, visiblement fatigué, avant de regagner la capitale La Paz dans la soirée.

«La situation est difficile», a-t-il déclaré à son arrivée dans la capitale, en référence à la proximité des marcheurs indiens et du barrage de contre-manifestants hostiles.

«Il est nécessaire de calmer les esprits», a estimé à Yucumo le représentant régional du Médiateur bolivien des droits, Luis Revollo.

Le cordon de police, franchi samedi par les marcheurs à Chaparina, visait précisément à les empêcher de se rapprocher des contre-manifestants.

Le ministre était venu samedi à la rencontre des marcheurs pour renouer le dialogue, après une série de médiations infructueuses de ministres depuis un mois.

Les indigènes ont entamé le 15 août de Trinidad une marche vers La Paz, à 600 km, pour protester contre un projet de route, co-financé et construit par le Brésil, qui doit passer à travers le Parc Isiboro Secure. Ce parc naturel au centre de la Bolivie, est territoire ancestral de quelque 50 000 Indiens.

La principale centrale syndicale de Bolivie, la COB, a appelé vendredi à une grève générale pour mercredi, en soutien à des marcheurs indigènes.