Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon estime le temps venu d'un «retrait progressif» de la mission de l'ONU pour la stabilisation d'Haïti (MINUSTAH) dont certains Casques bleus ont été accusés de viol.

«Je pense que le temps est venu d'un retrait progressif de la MINUSTAH et que son rôle doit être assuré par les Haïtiens, mais cela doit être discuté entre l'ONU, le gouvernement haïtien et sous la houlette du Conseil de sécurité», a déclaré Ban Ki-moon, dans une interview à RFI, TV5Monde et au Monde qui sera diffusée dimanche. L'entretien a été réalisé jeudi à New York où s'est ouverte la session annuelle de l'Assemblée générale de l'ONU.

Le secrétaire général des Nations unies y évoque «le rôle très important» de la MINUSTAH, mais en même temps, dit-il, «je peux comprendre les frustrations du peuple haïtien et du gouvernement: en premier lieu, la stabilité politique n'a pas été assurée (...) et, malheureusement, il y a eu quelques incidents dans lesquels des soldats de la paix ont été impliqués dans des abus sexuels», a-t-il dit.

«Tout cela est une situation totalement inacceptable», a commenté M. Ban-Ki-moon.

Début septembre, un juge haïtien a ouvert une enquête sur le viol présumé d'un jeune homme de 18 ans par quatre soldats uruguayens de la MINUSTAH. Une vidéo montrant l'agression avait été diffusée sur le site de partage YouTube, déclenchant colère et indignation chez les Haïtiens. Depuis, ces soldats basés dans le sud d'Haïti ont été placés en isolement avant leur rapatriement pour être jugés.

La porte-parole de la MINUSTAH Éliane Nabaah avait exprimé «les regrets de l'ONU aux victimes, au peuple haïtien et au gouvernement» et assuré que la mission de l'ONU prendrait en charge les victimes en offrant un soutien médical, et éventuellement matériel et financier.

Déployée depuis juin 2004 et commandée par le Brésil, la MINUSTAH compte 18 pays contributeurs en effectifs, en majorité des pays latino-américains.

Certains d'entre eux avaient évoqué la semaine dernière à Montevideo, en Uruguay, la révision à la baisse des effectifs de la force, pouvant intervenir dès la reconduction du mandat de la mission, le 15 octobre.

Le président haïtien Michel Martelly a estimé pour sa part mardi que la mission de l'ONU en Haïti devait rester «en attendant qu'une force nationale puisse prendre la relève».

Après le séisme du 12 janvier 2010, les effectifs de la MINUSTAH étaient passés de 9000 à 12 250.