Une statue de cire à l'effigie de Jean-Paul II et une capsule contenant quelques gouttes de son sang effectuent une tournée de quatre mois au Mexique, où les foules se pressent pour les accueillir. Dans les quartiers populaires de Mexico, la ferveur atteint son comble, raconte notre collaboratrice.

«Il est revenu nous voir: c'est une immense émotion qui m'emplit!», lance une femme âgée, les larmes aux yeux, sur le parvis de la cathédrale de Nezahualcoyotl, banlieue populaire d'un million d'habitants, à l'est de Mexico.

Un groupe de jeunes paroissiens arrive en chantant et en frappant sur des tambourins, convergeant, ainsi que des milliers d'autres fidèles, vers le lieu qui recevait dimanche dernier les reliques de Jean-Paul II, le pape préféré des Mexicains.

«Le Mexique, toujours fidèle»: c'est ainsi que le prédécesseur de Benoît XVI avait qualifié un pays qu'il a visité cinq fois de son vivant. Et c'est de cette phrase que sont frappés les drapeaux et les ballons que les habitants de Nezahualcoyotl brandissent et accrochent aux balcons de leurs maisons. Le quartier tout entier est en liesse. Même les bus municipaux sont décorés pour l'occasion.

À 13h, une onde de choc parcourt la foule massée aux abords de la cathédrale. Quelques pétards fendent les airs dans un vacarme enfumé. «Il est là, Jean-Paul est parmi nous!», entend-on.

Pour prévenir les bousculades, la police, déployée en force, oblige le convoi tant attendu à s'engouffrer dans la cathédrale. Les fidèles n'aperçoivent que furtivement la figure de cire grandeur nature à l'effigie de Jean-Paul II, fabriquée par des artisans mexicains, vêtue des habits pontificaux.

Reliquaire

Sur le torse de la statue, couchée dans une vitrine en verre, repose un reliquaire en forme de crucifix contenant quelques gouttes du sang prélevé à Karol Wojtyla peu avant sa mort.

À l'extérieur de la cathédrale, la file de personnes qui patientent pour défiler devant les reliques fait le tour du pâté de maisons. «C'est indescriptible, je ressens une paix énorme à l'idée de voir une partie de lui», explique Daniel Herrera, homme âgé arrivé aux petites heures du jour.

«Cette église est trop petite, on aurait dû nous rassembler dans un stade», ajoute une dame, qui affirme que c'est Jean-Paul II qui lui a donné la foi. Tous ont vu le pape polonais lors de ses visites au Mexique. «Je veux que mon enfant le connaisse à son tour», dit Zeferino, tenant son bébé dans les bras.

Arrivée à la mi-août en provenance de Rome, la capsule de sang a parcouru la capitale et ses immenses faubourgs. À la basilique de Notre-Dame de Guadalupe, consacrée à la Vierge indienne patronne de l'Amérique latine, plus de 200 000 catholiques sont venus la contempler fin août. En quatre mois, le pèlerinage des reliques passera par une centaine de villes mexicaines, alors que certains commentateurs qualifient déjà cet engouement populaire d' «idolâtrie».