La cour d'appel de Paris a demandé mercredi un complément d'information lors de l'examen d'une demande d'extradition de Manuel Noriega, bloquant dans l'immédiat un éventuel retour de l'ex-dictateur panaméen vers son pays.

Face à un septuagénaire visiblement fatigué et se déplaçant avec difficulté, la chambre de l'instruction de la cour a renvoyé cet examen au 16 novembre, espérant dans l'intervalle que les États-Unis auront donné leur feu vert à cette demande d'extradition.

Une décision jugée «scandaleuse» par Me Olivier Metzner, l'avocat de M. Noriega.

À l'instar du parquet général, il avait demandé à la cour d'appel de déclarer «sans objet» cette demande d'extradition, en faisant valoir que Washington avait donné en mai son accord à une première requête similaire du Panama.

«Je considère que M. Noriega va rester l'otage quelque temps encore des autorités américaines en étant incarcéré en France. C'est uniquement par la volonté des États-Unis qu'il est maintenu en détention en France», a déclaré Me Metzner. «C'est purement scandaleux».

«Les États-Unis n'ont pas répondu (à la deuxième demande d'extradition, ndlr) et on leur dit: «prenez votre temps, vous avez deux mois de plus»», a-t-il déploré.

«Il s'agit de la détention d'un homme très âgé et malade. Il est temps d'en terminer», a-t-il poursuivi.

Le premier ministre François Fillon a signé le 6 juillet un décret d'extradition de M. Noriega qui, après 20 ans dans une cellule de Miami et seize mois à la prison de la Santé à Paris, souhaite regagner son pays, où il doit encore purger plusieurs peines de prison.

Cette extradition était suspendue à l'examen jeudi matin, par un juge d'application des peines, d'une demande de libération conditionnelle déposée par le général panaméen.

Elle est dans l'immédiat bloquée par la seconde demande d'extradition, qui a été déposée le 22 janvier 2011 par les autorités panaméennes. Cette seconde requête, qui vise un autre crime qu'aurait commis le général au Panama, a eu pour conséquence de placer M. Noriega «sous écrou extraditionnel» le 14 mars. Il doit donc rester derrière les barreaux tant que cette procédure n'a pas abouti.

Pour lever cet «écrou extraditionnel», les avocats de M. Noriega ont déposé mercredi, à l'issue de l'audience, une demande de mise en liberté de leur client qui pourrait, si elle est acceptée, permettre l'exécution de la première demande d'extradition.

Les autorités panaméennes veulent d'une part que l'ex-militaire purge au Panama plusieurs peines pour des disparitions d'opposants, comme celle en septembre 1985 d'Hugo Spadafora, dont le cadavre avait été retrouvé décapité.

D'autre part, elles souhaitent le juger pour d'autres faits commis au cours de ses années au pouvoir, en tant que chef de l'armée (1984-1990). Cette période, marquée par des violations des droits de l'homme, s'est finalement achevée par une intervention militaire des États-Unis qui avaient longtemps soutenu le dictateur.