Le gouvernement de Sebastian Pinera va être confronté mercredi et jeudi à sa plus forte fronde sociale en 17 mois au pouvoir, avec une grève de 48 heures à l'appel du principal syndicat du Chili, venant s'ajouter à une forte mobilisation étudiante depuis trois mois.

Une manifestation de masse est prévue jeudi à Santiago, à l'appel de la CUT, première centrale du pays avec près de 800 000 affiliés, à laquelle se sont joints plusieurs syndicats du secteur public, dont Codelco, le géant chilien du cuivre qui produit 11% du métal rouge mondial.

Les syndicats étudiants se sont joints à l'appel à la grève et à manifester.

Le gouvernement de droite de M. Pinera a accusé la CUT d'«opportunisme» en profitant du vent de la mobilisation étudiante, et le ministère de l'Économie a estimé qu'une grève de 48 heures pourrait coûter à l'État 200 millions de dollars.

Près de 80 000 d'étudiants, lycéens et enseignants jeudi dernier, des dizaines de milliers d'étudiants «en famille» dimanche, une manifestation de taxis mardi: guère un jour ne passe à Santiago sans une manifestation, signe d'une fronde sociale devenue contagieuse contre le président Pinera.

«Cela me peine (de voir) à quel point certains s'efforcent de paralyser le pays», a déclaré mardi M. Pinera, jugeant injuste de faire payer à l'actuel gouvernement «des problèmes non résolus, nombre d'entre eux remontant à de longues années, et dont il est bien conscient».

Le mouvement étudiant pour une éducation publique gratuite et de qualité a allumé des interrogations plus larges dans la société, sur un modèle économique libéral en partie hérité des années 80 et de la dictature, et qui a généré une croissance stable et vantée (5,2 en 2010, 8% en 2011) mais inégalement partagée.

Parmi les demandes de grévistes de mercredi et jeudi, figurent pêle-mêle une baisse des impôts, une réforme des retraites, du code du travail, et un reversement accru dans l'éducation et la santé des dividendes de la croissance.