L'enquête sur l'assassinat en juillet de deux jeunes touristes françaises dans le nord de l'Argentine a fait une percée décisive ces derniers jours: désormais, la police détient sept personnes et a retrouvé l'arme présumée du crime.

Les corps de Houria Moumni, 24 ans, et Cassandre Bouvier, 29 ans, avaient été découverts le 29 juillet par des randonneurs à La Quebrada de San Lorenzo, à une douzaine de kilomètres de la ville touristique de Salta.

Les deux jeunes femmes avaient été vues pour la dernière fois le 15 juillet, lorsqu'elles s'étaient lancées à la découverte de cette réserve naturelle sur les contreforts des Andes, à 1600 mètres d'altitude.

Après un démarrage laborieux, marqué par l'arrestation d'un loueur de chevaux qui avait dû être libéré rapidement faute d'éléments, les policiers argentins ont mieux ciblé leur enquête.

Un homme, Daniel Vilte, a d'abord été arrêté mardi. Il est soupçonné d'être impliqué dans l'achat de l'arme de calibre 22 utilisée contre les deux Françaises.

Ensuite, le témoignage du chauffeur de la voiture de location qui avait transporté les deux jeunes touristes le 15 juillet a mené à l'arrestation, samedi, de six personnes, dont une jeune femme, à l'issue d'une série de perquisitions. Selon d'autres informations de la presse locale, ce sont des appels réalisés avec les téléphones portables des victimes qui ont mis les policiers sur la piste.

Enfin, une «arme, de calibre 22, a été saisie dans la maison d'un voisin d'une des six personnes arrêtées samedi. Celle-ci a indiqué l'endroit où l'arme était dissimulée», a déclaré à l'AFP Marcelo Baez, porte-parole du parquet.

«Un appareil photo et les téléphones portables» de Houria Moumni et Cassandre Bouvier ont également été découverts, selon le journal local El Tribuno de Salta citant des sources proches de l'enquête.

Les pièces à conviction saisies ont été qualifiées «d'éléments de preuve importants» par la justice argentine.

Le président français Nicolas Sarkozy a appelé dimanche soir son homologue argentine Cristina Kirchner pour lui exprimer «sa reconnaissance pour les progrès rapides» de l'enquête, a annoncé la présidence française dans un communiqué.

Parmi les personnes arrêtées figurent quatre «jeunes», dont «la fille d'un ancien commissaire à la retraite ainsi qu'un aspirant policier». Leurs noms et âges exacts n'ont pas été communiqués, mais selon El Tribuno le jeune policier est âgé de 24 ans et la femme détenue serait son épouse. Le père de celle-ci, âgé de 44 ans, a également été arrêté, selon le journal.

«Tous (ceux qui ont été arrêtés) sont des habitants de Salta», ville située à 1600 km au nord de Buenos Aires, a indiqué le juge Martin Perez chargé de l'enquête.

Les expertises médico-légales pour déterminer la date de l'assassinat des deux Françaises seront connues d'ici une dizaine de jours, a annoncé un enquêteur.

Des expertises balistiques doivent être réalisées pour confirmer que l'arme saisie est bien celle du crime, tandis que la Faculté de biochimie de Buenos Aires doit analyser des traces d'ADN prélevées sur les corps des victimes.

Les médecins légistes doivent également tenter de préciser la date de la mort des deux victimes, un élément clé, selon les enquêteurs, pour savoir si elles ont été séquestrées avant d'être tuées.

Selon les enquêteurs, Cassandre Bouvier a été victime d'un viol avant d'être tuée d'une balle dans le front.

Houria Moumni a quant à elle résisté à une tentative de viol et a tenté de s'échapper, mais elle est tombée et a reçu une balle dans le dos. Elle a agonisé plusieurs heures avant de succomber.

À Paris, une information judiciaire pour «séquestration, assassinats et viols» a été ouverte vendredi pour permettre aux familles des deux étudiantes tuées de suivre les résultats des examens et des investigations menées en Argentine.

Les corps des deux victimes ont été transférés vendredi soir de Salta à Buenos Aires, en attendant leur rapatriement en France.

De mardi à vendredi, des proches des deux Françaises ont séjourné à Salta, où ils ont identifié les corps avant de rentrer samedi à Paris.