L'ex-chef de l'État Manuel Zelaya a effectué un retour triomphal samedi au Honduras au milieu d'une foule de partisans, deux ans après le coup d'État qui l'avait évincé du pouvoir.

Des dizaines de milliers de partisans vêtus de rouge ont attendu durant des heures l'arrivée de ce colosse moustachu de 1,90 m, en provenance du Nicaragua voisin, où il avait passé la nuit précédente après un exil de 16 mois en République dominicaine.

Certains ont fait un malaise en raison de la chaleur, supérieure à 30 degrés celsius.

Le 28 juin 2009, Zelaya, élu sous l'étiquette libérale en 2006 mais auteur d'un virage à gauche deux ans plus tard qui avait divisé son parti, avait été arrêté au saut du lit, en pyjama, par l'armée de ce petit pays pauvre d'Amérique centrale, avec l'aval du Congrès et de la Cour suprême.

Ces trois institutions dénonçaient sa volonté d'organiser une consultation, selon elles illégale, visant à réformer la Constitution qui interdit à un président de briguer un second mandat.

Le retour de Zelaya est rendu possible par l'annulation récente des poursuites pour corruption et haute trahison à son encontre.

«C'est un message d'espoir et d'optimisme pour les démocraties d'Amérique latine,» a déclaré l'ex-président au micro de la chaîne internationale Telesur, basée au Venezuela de son allié Hugo Chavez.

Zelaya, 58 ans, est revenu accompagné de son épouse Xiomara Castro, de sa fille, de ses deux petites-filles et de personnalités internationales, comme l'ancien président panaméen, Martin Torrijos, le chef de la diplomatie du Venezuela, Nicolas Maduro, ou l'ex-sénatrice colombienne, Piedad Cordoba.

Après les retrouvailles avec ses partisans, venus de tout le pays en autocar ou en voiture, il devait être reçu au palais présidentiel par le chef de l'Etat du Honduras, Porfirio Lobo, avec qui il a signé un accord de réconciliation dimanche en Colombie, et le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), José Miguel Insulza.

L'OEA avait exclu le Honduras de ses rangs après le coup d'État et attendait le retour de Zelaya pour le réintégrer en son sein.

Cela permettra de débloquer l'aide internationale, vitale pour ce pays où 70% des près de huit millions d'habitants vivent avec moins de 4 dollars par jour, selon des chiffres officiels.

Zelaya revient avec l'intention de mener une «lutte pacifique et démocratique» pour reprendre le pouvoir aux élites qui l'en ont évincé.

L'adoption en février d'une réforme de la Constitution, autorisant des référendums sur des points comme celui interdisant toute réélection du président, pourrait lui permettre de briguer un nouveau mandat en 2013, d'autant qu'il revient avec un fort capital politique.

«(Zelaya) a aidé les pauvres, ce qu'aucun président n'avait fait. C'est pour cela que nous sommes tous là, car nous espérons aussi qu'avec son leadership, on puisse faire quelque chose avec le Front de résistance (FNRP)», rassemblement de mouvements sociaux créé après le coup d'État, a déclaré Arnulfo Mendez, 62 ans.

Si la Constitution n'est pas réformée, l'ancien président pourrait laisser la place à son épouse, Xiomara Castro, 51 ans et très en vue après le putsch.

«Elle a gagné ce droit dans la rue après le coup d'État, elle exerce un leadership», selon le sous-coordinateur du FNRP, Juan Barahona.