La police du Guatemala a arrêté onze tueurs présumés et leur chef, accusés du massacre de 27 ouvriers saisonniers dans une ferme du nord de ce pays d'Amérique centrale le 14 mai, mais un procureur ayant permis l'arrestation de l'un d'entre eux a été tué et démembré en représailles.

Le chef supposé du groupe, Elder Esuardo Morales Pineda, dont l'âge n'a pas été communiqué, a été interpellé mardi à San Benito, près de la ferme où les paysans ont été décapités un par un dans un massacre attribué par les autorités au cartel de la drogue mexicain des Zetas, implanté dans le nord du Guatemala.

«Il semble que cette personne soit responsable de la direction du groupe qui a assassiné les paysans» dans le département du Peten, à 600 km au nord de la capitale, a déclaré à la presse le président guatémaltèque Alvaro Colom peu après l'arrestation.

L'homme, un Guatémaltèque, est accusé d'«enlèvement et assassinat», a précisé à l'AFP le porte-parole de la police, Donald Gonzalez.

Procureur assassiné et démembré

Cette arrestation porte à douze le nombre d'hommes interpellés dans cette affaire depuis la semaine dernière.

Mardi, le cadavre d'un procureur ayant participé à l'arrestation de l'un des tueurs présumés a été retrouvé assassiné et démembré à Coban, dans le département d'Alta Verapaz, voisin du Peten.

«La personne assassinée est le procureur auxiliaire Allan Stowlinsky Vidaurre, qui a été enlevé hier (lundi). Il a participé à l'enquête pour l'arrestation du leader présumé des Zetas, Hugo Gomez», a expliqué à l'AFP une source du parquet.

«C'est sûrement une vengeance», a estimé M. Colon.

Les tueurs ont laissé près du corps mutilé du magistrat un mot signé «Z 200», la même marque dessinée avec le sang des victimes dans la ferme où ont été massacrés les 27 paysans et qui correspondrait à une cellule locale des Zetas.

Samedi, trois des douze hommes arrêtés pour le massacre avaient été interpellés en possession de banderoles revendiquant les faits au nom de «Z 200». Ces banderoles mettaient en garde la presse contre la publication de toute information visant le cartel.

Opérant dans le nord du Mexique, les Zetas sont en guerre contre leurs anciens alliés du cartel du Golfe pour le contrôle du trafic de cocaïne à destination des Etats-Unis, premier client mondial de cette drogue de production quasi exclusivement sud-américaine.

Les auteurs du massacre des 27 paysans recherchaient le propriétaire de la ferme, Otto Salguero, absent ce jour-là et désormais visé par une enquête pour trafic de drogue.

«La guerre vise toutes ces personnes qui travaillent avec (le cartel) du Golfe. Otto Salguero est l'un des plus importants fournisseurs de cocaïne du (cartel du) Golfe et ceux qui ont payé de leur vie sont ses employés qui faisaient tourner l'organisation», disait une des banderoles saisies samedi.

Les tentacules du cartel des Zetas, un groupe fondé par d'anciens officiers d'unités d'élite de l'armée mexicaine, s'étendent des Etats-Unis à l'Amérique centrale devenue une zone de transit de la drogue.

Le Guatemala a un des taux de criminalité les plus élevés au monde, avec 18 homicides par jour.

Le gouvernement a décrété l'état de siège pour un mois dans le département du Peten après ce massacre sans précédent depuis la signature de l'accord de paix de 1996, qui avait mis fin à une guerre civile de 36 ans.

Photo Reuters

Un soldat passe non loin des corps dispersés dans le ranch où le massacre a eu lieu. 27 Guatemaltèques ont été décapités.