Sept hauts responsables de l'Institut national de l'immigration du Mexique ont été congédiés, jeudi, dans le cadre d'une opération de «nettoyage», à la suite d'allégations voulant que certains agents de l'immigration aient été impliqués dans l'enlèvement de migrants.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé avoir congédié les responsables de l'immigration de sept États du pays par lesquels transitent de nombreux migrants centro-américains qui tentent d'entrer aux États-Unis, et où ont sont survenues certaines des pires atrocités commises contre des migrants.

Le directeur de l'immigration de l'État de Tamaulipas, dans le nord du pays, a notamment été renvoyé. C'est dans cet État qu'un groupe de migrants centro-américains a récemment accusé des agents de l'immigration de les avoir enlevés dans des autocars avant de les remettre à des gangs criminels. Six agents de l'Institut national de l'immigration ont été arrêtés après que des migrants les eurent identifiés sur des photos.

Ces migrants originaires d'Amérique centrale faisaient partie des 120 personnes secourues le mois dernier lors de raids menés dans des résidences de l'État de Tamaulipas.

Les dangers pour les migrants qui traversent les régions du Mexique contrôlées par des gangs se sont considérablement accrus au cours des dernières années. En août 2010, les corps de 72 migrants originaires d'Amérique centrale et du Sud avaient été découverts sur un ranch de la ville de San Fernando, dans l'État de Tamaulipas. Ils auraient été tués après avoir refusé de travailler pour le cartel des Zetas.

Le mois dernier, les autorités ont découvert les corps de 183 personnes dans des fosses clandestines dans l'État de Tamaulipas, dont plusieurs auraient été enlevées dans des autocars par des membres des Zetas. Les autorités ne savent pas très bien combien de ces personnes étaient des migrants. Seuls six corps ont été identifiés jusqu'à maintenant -cinq Mexicains et un Guatémaltèque. Plusieurs policiers municipaux ont été arrêtés en lien avec ces meurtres, mais les enquêteurs n'avaient donné aucune indication laissant penser que des agents de l'immigration pourraient être impliqués.

Le directeur de l'immigration de l'État d'Oaxaca a aussi été congédié. En décembre, plus de 40 migrants qui circulaient dans des trains avaient été enlevés dans cet État. Certains ont réussi à s'enfuir, mais plusieurs sont toujours portés disparus.

Au moins 11 333 migrants étrangers ont été enlevés au Mexique entre avril et septembre 2010, en majorité des voyageurs centro-américains, selon un récent rapport de la Commission mexicaine des droits de la personne.

Le prêtre catholique Alejandro Solalinde, qui dirige un refuge pour migrants dans l'État d'Oaxaca et qui a été le premier à rapporter l'enlèvement de migrants dans la région, a estimé que le congédiement des sept responsables de l'immigration n'équivalait à rien de plus que de mettre un pansement sur le problème. Dans une entrevue à Milenio Television, le prêtre a affirmé que les agents de l'immigration soupçonnés d'être impliqués dans les enlèvements devraient faire l'objet de poursuites criminelles.

Le ministère de l'Intérieur a précisé que ces congédiements n'étaient que le début d'un effort de «nettoyage» plus vaste. Les remplaçants des responsables congédiés procéderont à une restructuration de leur bureau et renverront les employés soupçonnés de corruption, a indiqué le ministère dans un communiqué.

Au moins 168 des 5000 employés de l'Institut national de l'immigration ont été congédiés ou suspendus pour abus et corruption depuis septembre.