Des organisations de patrons de presse et de journalistes ont dénoncé mardi l'existence de restrictions «comme jamais» à la liberté d'expression en Bolivie, à l'occasion de la journée du journaliste.

«Comme jamais auparavant en démocratie, les conditions de travail sont devenues défavorables à l'exercice des droits constitutionnels, qui devraient garantir et encourager la liberté d'expression et la liberté de la presse», dénoncent les quatre organisations dans un communiqué.

L'association nationale de la presse, l'association bolivienne de radios (patronales), l'association nationale des journalistes de Bolivie et celle des journalistes de La Paz réclament «notamment la dérogation de trois articles de la loi électorale et d'un article de la loi antiracisme».

La loi électorale, en vigueur pour l'élection au suffrage universel en octobre des plus hauts magistrats du pays -une première en Bolivie-, interdit aux candidats de donner des interviews et aux médias de diffuser des informations autres que celle du Tribunal suprême électoral sur la campagne.

La loi antiraciste votée en octobre établit des sanctions pour les médias diffusant ou permettant la diffusion de messages à caractère discriminatoire, dans ce pays à la population majoritairement amérindienne. Les médias craignent qu'elle ne soit utilisée à des fins de persécutions politiques.

Récemment, le président socialiste Evo Morales, qui accuse régulièrement les médias privés d'être ses «vrais opposants», a assuré que ces deux lois ne seraient pas modifiées, tout en garantissant que «la liberté d'expression sera toujours en vigueur et défendue».

Dimanche, une enquête réalisée auprès de 200 journalistes pour le journal Pagina Siete a révélé que 93% d'entre eux considéraient que la liberté d'expression était un peu, relativement, très ou totalement menacée en Bolivie.

Le 21 avril, le chef de l'information d'une agence de presse locale d'obédience catholique, David Niño de Guzman, a été retrouvé mort dans des circonstances mystérieuses, apparemment tué par un engin explosif. On ignore si le meurtre est lié à ses fonctions.

L'UNESCO et la Commission interaméricaine des droits de l'homme ont demandé au gouvernement d'ouvrir une enquête.