Le maire de gauche de Bogota, Samuel Moreno, a été suspendu mardi pour trois mois de ses fonctions dans le cadre d'une enquête sur des irrégularités dans des chantiers publics dans la capitale colombienne, a-t-on annoncé de source judiciaire.

«J'ai pris la décision de suspendre à partir d'aujourd'hui et pour trois mois le maire de Bogota», a annoncé Alejandro Ordonez, procureur général de la Nation, ayant en Colombie un pouvoir de sanction administrative.

Le remplaçant de Samuel Moreno durant cette période sera nommé par le président colombien Juan Manuel Santos.

Selon le procureur, Samuel Moreno (Pôle démocratique alternatif, gauche) s'est rendu coupable de plusieurs «fautes graves» par inaction.

La justice administrative estime que le maire ne s'est pas assuré de la réalisation de travaux publics pour lesquels la mairie avait attribué des contrats, notamment ceux concernant un système intégré de transports publics et des travaux de voirie.

Samuel Moreno, élu en octobre 2007, faisait l'objet d'une enquête administrative depuis 2010.

En décembre, la Cour des comptes avait ordonné la saisie préventive de ses biens en estimant que ces irrégularités avaient entraîné un préjudice pour les deniers publics pouvant atteindre 105 millions de dollars.

Bogota, ville de sept millions d'habitants située à 2600 mètres d'altitude, avait été primée en 2010 par l'Organisation panaméricaine de la Santé (OPS, dépendant des Nations unies) pour le système de transports que la mairie avait commencé à mettre en place, jugé «salutaire».

Toutefois, les travaux ont pris d'importants retards et la mairie a même imposé l'interdiction de circuler en voiture deux jours par semaine, en 2009, pour éviter la paralysie de la capitale.

Le maire, qui a toujours nié ces accusations, a contesté mardi la mesure annonçant qu'il présenterait un référé «afin de protéger des droits fondamentaux comme le droit à la défense et à un jugement équitable».

Samuel Moreno, son frère Ivan Moreno, et plusieurs fonctionnaires sont par ailleurs visés par des enquêtes pénales pour ces irrégularités.

Plusieurs entrepreneurs sont également poursuivis, notamment pour les «commissions» qu'ils auraient versées à des fonctionnaires dans le cadre de l'attribution de ces marchés.

Le scandale, qui a éclaté en octobre 2010, intervient à moins de six mois des élections municipales colombiennes, fin octobre.