En quittant son poste de chef du Parti communiste cubain (PCC) qu'il occupait depuis 1965, Fidel Castro a fait mardi un pas de plus vers sa retraite politique, mais conserve avec fierté son rôle de «soldat des idées» au service de la Révolution qu'il a menée en 1959.

À 84 ans, le père de la Révolution cubaine est venu en personne à la tribune lors de la cérémonie de clôture du 6e congrès du PCC pour assister à cette ultime passation de pouvoir à son frère cadet Raul.

Sa dernière apparition en public remonte à une rencontre de cinq heures avec des intellectuels en marge du Salon du Livre en février à La Havane.

À la pointe d'un bras de fer idéologique avec les États-Unis durant la seconde moitié du 20e siècle, Fidel Castro a entamé son retrait du pouvoir en juillet 2006.

Une lourde opération chirurgicale pour des problèmes intestinaux le pousse à déléguer ses pouvoirs à son frère Raul, son ministre de la Défense et successeur désigné depuis 1959, qu'il veille à entourer alors d'un aréopage de vieux compagnons de route.

En février 2008, la passation est officielle. Raul est élu président du Conseil d'État et président du conseil des ministres. Mais Fidel, discrètement, reste le premier secrétaire du PCC depuis qu'il a fondé le parti unique en 1965.

Depuis, le «soldat des idées» -comme il se plaît à se décrire- s'exprime par voie de presse en publiant ses «réflexions» portant généralement sur de grands sujets de politique internationale: la faim dans le monde, les soulèvements dans le monde arabe et toujours la dénonciation de l'impérialisme américain.

L'image du fragile octogénaire qui a assisté à la clôture du congrès du PCC contrastait fortement avec celle du jeune «barbudo» trentenaire qui dirigeait les troupes cubaines lors de l'invasion anticastriste de la baie des Cochons dont Cuba a célébré ce week-end le 50e anniversaire.

Mais avec le temps, le guérillero de 32 ans qui avait renversé la dictature du général Batista et incarné les espoirs de la gauche révolutionnaire s'est transformé en un autocrate impitoyable avec son opposition, puis un vieillard que la maladie a lentement écarté du pouvoir.

Dernier survivant de la guerre froide, il a déjoué tous les pronostics en parvenant à maintenir le seul régime communiste du monde occidental, malgré la chute du Mur de Berlin et le démantèlement de l'Union soviétique, au prix de lourds sacrifices pour la population et sans concéder le moindre assouplissement de son régime.

Fils d'un immigrant espagnol devenu riche propriétaire terrien, cet ancien élève des jésuites est entré dans l'histoire les armes à la main en tentant à 27 ans de s'emparer de la deuxième place militaire du pays, la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba (sud), avec une centaine de conjurés.

L'échec sanglant de l'opération, qui vaudra la prison et l'exil au jeune avocat, ne ruine en rien sa détermination: de retour trois ans plus tard, il lancera une guérilla de 25 mois qui mettra à bas la dictature de Fulgencio Batista et donnera la victoire à ses «barbudos» en janvier 1959.

Dès lors, à 150 km des États-Unis, il lance en pleine guerre froide une révolution qui ne tarde pas à afficher ses sympathies pour l'Union soviétique à laquelle Cuba va solidement s'arrimer.

Contraint par la chute de son protecteur soviétique à de timides concessions au capitalisme dans les années 1990, il les annule dès le nouvel allié trouvé en la personne d'Hugo Chavez, le président vénézuélien qui brandit aujourd'hui la flamme d'un nouveau «castrisme».

Le 21e siècle n'est pas le sien. A partir de 2001, une série d'incidents de santé viennent le rappeler à l'ordre, jusqu'à juillet 2006 où la maladie lui impose de commencer à prendre sa retraite.