Le VIe congrès du Parti communiste cubain, qui s'ouvre ce samedi avec une gigantesque parade célébrant le 50e anniversaire du fiasco de la Baie des cochons, devrait être marqué par l'annonce de nouvelles réformes économiques dans une île qui peine à se relever de l'arrêt brutal de l'aide soviétique. Ce congrès charnière, le premier du genre depuis 1997, sera aussi probablement le dernier des dirigeants issus de la révolution castriste de 1959.

Plusieurs centaines de milliers de personnes -militaires et jeunes civils- sont attendues dans les rues de La Havane jusqu'à la place de la Révolution pour un défilé censé témoigner, selon le quotidien «Granma», organe officiel du PCC, de la continuité de la révolution de 1959. Dans la capitale, d'énormes drapeaux recouvrent depuis plusieurs jours les bâtiments officiels. Dans les rues et le ciel, chars et avions ont répété leur défilé, tandis que les canons des remparts du port ont également résonné par intermittence.

Ce congrès devrait surtout être l'occasion de l'annonce de nouvelles réformes économiques par le dirigeant Raul Castro, qui prononcera un discours d'ouverture très attendu à la fin du défilé. Depuis son accession au pouvoir en 2008, le frère de Fidel Castro a notamment ouvert une petite partie de l'économie socialiste du pays à la libre entreprise et rendu aux petits agriculteurs des dizaines de milliers d'hectares de terres détenues par l'État. Il a également annoncé le licenciement à terme de plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires, une décision qui reste encore néanmoins à appliquer.

Jusqu'ici, plus de 180.000 Cubains ont déposé une demande de patente pour ouvrir un commerce ou une petite entreprise privée, a confié jeudi à l'Associated Press José Barreiro, vice-ministre du Travail, tout en reconnaissant que 30.000 d'entre eux avaient déposé le bilan. Le régime ambitionne de délivrer environ 250.000 patentes d'ici la fin 2011.

Si ces mesures ont marqué une prise de distance certaine avec le système marxiste en place à Cuba, beaucoup d'habitants de l'île espèrent qu'une nouvelle étape dans la modernisation de leur pays sera franchie lors de ces quatre jours de congrès et les détails du nouveau plan quinquennal. Raul Castro a toutefois souligné à plusieurs reprises que les changements adoptés avaient pour objectif d'améliorer le système communiste cubain, pas de le faire disparaître.

Le congrès est ainsi organisé le jour même du 50e anniversaire de l'invasion ratée par les États-Unis de la Baie de cochons, le 16 avril 1961, toujours célébrée sur l'île comme une victoire du communisme cubain sur l'impérialisme américain. Ce jour-là, Fidel Castro parlera pour la première fois du caractère «socialiste» de la révolution cubaine.

Une nouvelle génération de dirigeants devrait également émerger de ces quatre jours. Raul Castro, qui aura bientôt 80 ans, a en effet reconnu que ce congrès serait probablement le dernier organisé sous l'égide des révolutionnaires de 1959, répétant discours après discours que le temps pressait pour relancer l'économie exsangue du pays. Si Raul est assuré d'être désigné Premier secrétaire du PCC, après l'annonce le mois dernier du retrait de son frère, il reste à savoir qui deviendra le numéro deux du régime.