Un groupe de 37 ex-prisonniers politiques cubains, les derniers à être accueillis en Espagne dans le cadre d'un processus de libération sans précédent entamé en juillet 2010 sous médiation espagnole, est arrivé vendredi à Madrid à bord d'un vol spécial.

Sitôt arrivés à l'aéroport de Madrid Barajas, accompagnés d'environ 200 membres de leurs familles, les ex-détenus ont été pris en charge par des organisations humanitaires et transportés en autocar vers des centres d'accueil.

Il s'agit du groupe de prisonniers politiques le plus important à arriver en Espagne depuis un accord inédit conclu en juillet entre le gouvernement cubain, dirigé par Raul Castro, et l'Église catholique, après une médiation de l'Espagne.

«Avec l'arrivée de ces derniers prisonniers de conscience, s'achève le processus de libération (...) commencé le 13 juillet dernier», a annoncé le ministère espagnol des Affaires étrangères.

L'accord conclu l'an dernier prévoyait la libération progressive de 52 détenus sur un groupe de 75 arrêtés en 2003 au moment d'une vague de répression contre la dissidence et condamnés à de lourdes peines. Le 23 mars, le gouvernement cubain a libéré les deux derniers détenus de ce groupe.

Il s'agissait du processus de libération de prisonniers politiques le plus massif depuis que Raul Castro a remplacé son frère Fidel en août 2006 à la tête du régime communiste cubain. Fidel Castro en avait libéré une centaine peu après la visite historique à Cuba du pape Jean Paul II en 1998.

Mais en mars 2003, il avait ordonné l'arrestation de 75 opposants accusés de «collaborer» avec l'ennemi américain, ce qui avait provoqué le gel de la coopération avec l'Union européenne pendant cinq ans.

Cuba, sous embargo américain depuis 1962, considère les opposants comme des mercenaires à la solde des Etats-Unis.

Les premiers détenus libérés dans le cadre de cet accord étaient arrivés à Madrid le 13 juillet 2010, d'autres avaient suivi par petits groupes. Sur les 52 prisonniers concernés, 12 ont cependant choisi de rester à Cuba.

Le chiffre initial avait ensuite été élargi et au total, 115 détenus libérés des prisons cubaines, accompagnés de 647 membres de leurs familles, sont arrivés en Espagne depuis juillet, a précisé le ministère des Affaires étrangères.

Vendredi matin, le dernier groupe de 245 personnes, dont 37 ex-détenus, est arrivé à Madrid à bord d'un vol spécialement affrété par le gouvernement espagnol.

Parmi les ex-détenus se trouvait Orlando Fundora, qui faisait partie du groupe des 75.

Libéré en 2004 pour raisons médicales, il a quitté l'aéroport de Madrid à bord d'une ambulance, tandis que les autres membres du groupe prenaient place dans une quinzaine de cars pour être conduits vers des centres d'accueil à travers l'Espagne.

Le ministère des Affaires étrangères a souligné que ce groupe était composé de «prisonniers de conscience figurant sur les listes d'Amnesty International, du groupe des Dames en blanc (un groupe militant de mères et épouses de prisonniers politiques) et d'autres organisations de défense des droits de l'homme».

L'Espagne a annoncé avoir accordé jusqu'à présent l'asile politique à 41 des prisonniers cubains arrivés sur son territoire.

Ceux qui choisissent de rester en Espagne sont logés provisoirement dans des centres d'accueil avant d'être installés dans des logements, et reçoivent, selon le ministère, des aides sous différentes formes, financière, psychologique ainsi qu'en matière de santé, d'éducation ou de recherche d'emploi.