Depuis le lieu hautement symbolique du palais présidentiel de la Moneda à Santiago, le président Barack Obama a proposé lundi une «nouvelle ère de partenariat» à l'Amérique latine, qui a selon lui un destin lié aux États-Unis, et est appelée à jouer «un plus grand rôle dans le monde».

Dans le palais où le président chilien Salvador Allende avait péri lors du coup d'État militaire de 1973, M. Obama a reconnu lors d'une conférence de presse avec son homologue Sebastian Pinera que «l'histoire des relations entre les États-Unis et l'Amérique latine a été, par moments, extrêmement difficile».

Cette visite a donné lieu à Santiago au cours du week-end à des manifestations mettant en cause le rôle des États-Unis au moment de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990) et demandant des «excuses».

M. Obama s'en est abstenu, remarquant qu'«il est important pour nous d'apprendre de notre histoire (...) mais de ne pas en être prisonniers, car nous avons nombre de défis à relever à l'avenir».

A ce titre, le dirigeant américain a salué le parcours du Chili, entré l'an dernier dans l'OCDE, le club des pays les plus riches, y voyant «l'une des plus grandes réussites en Amérique latine». Il a également établi une analogie entre le retour de la démocratie en 1990 et les révoltes populaires qui agitent actuellement le Moyen-Orient.

«A une époque où à travers le monde des peuples luttent pour leur liberté, le Chili montre que oui, il est possible de réaliser la transition d'une dictature vers la démocratie, et d'une manière pacifique», a-t-il relevé lors du discours qu'il a ensuite prononcé dans un centre culturel proche de la Moneda.

Dans cette allocution présentée par la Maison-Blanche comme l'occasion de définir la vision de M. Obama sur les relations des États-Unis avec l'Amérique latine, le président a salué la maturité politique et la vitalité économique de la région.

Il s'est dit, devant M. Pinera, trois de ses prédécesseurs et des diplomates latino-américains, déterminé à établir «une nouvelle ère de partenariat» avec elle.

«C'est l'Amérique latine que je vois aujourd'hui, une région en marche, fière de son progrès, et prête à assumer un plus grand rôle mondial», a-t-il lancé: cette partie du monde «est plus importante que jamais pour la prospérité et la sécurité des Etats Unis».

M. Obama, en quête de marchés d'exportation pour relancer la croissance et l'emploi aux Etats-Unis, a voulu profiter de sa visite pour renforcer les liens commerciaux avec le Chili, alors que les deux pays sont déjà liés par un accord de libre-échange.

Vendredi, le Chili, qui peine à répondre à la demande croissante en énergie de sa population et de son industrie, avait signé un accord-cadre de coopération scientifique avec les Etats-Unis sur le nucléaire civil.

En pleine crise nucléaire au Japon, ce texte a été dénoncé par les écologistes et l'opposition, mais M. Pinera a insisté lundi sur le fait que cela ne signifiait pas qu'une centrale nucléaire serait construite.

Comme lors des deux premiers jours de sa tournée consacrés au Brésil, M. Obama a gardé à l'esprit la situation en Libye où les forces américaines participent aux opérations militaires contre le régime de Mouammar Kadhafi dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Lors de la conférence de presse, le président américain a répété que «la position américaine est que Kadhafi doit partir». Mais il a aussi assuré que Washington n'avait pas l'intention d'outrepasser le mandat de la résolution 1973, qui autorise le recours à la force pour protéger les civils libyens.

M. Obama quittera dès mardi matin le Chili pour le Salvador, seule étape en Amérique centrale de cette tournée qui s'achèvera mercredi soir avec son retour à Washington.