Des partisans du gouvernement cubain ont encerclé vendredi la maison d'une célèbre dissidente alors que celle-ci et plusieurs opposants de premier plan étaient réunis pour souligner l'anniversaire de la vague d'arrestations menée par le régime de Fidel Castro en 2003 au sein de l'opposition.

Environ 200 manifestants se sont rassemblés autour de la résidence havanaise de Laura Pollan, l'une des têtes dirigeantes du groupe Damas de Blanco, qui signifie «Dames en blanc» en français, qualifiant les dissidents de «vers» et scandant des slogans en faveur des frères Fidel et Raul Castro.

Les protestataires se sont abstenus de crier les insultes à connotation sexuelle souvent employées contre l'organisation qui regroupe les épouses et les mères de prisonniers politiques libérés ou encore emprisonnés. Certains de ces anciens détenus étaient d'ailleurs présents vendredi dans la demeure de Mme Pollan, dont son mari Hector Maseda.

Les Damas se réunissent chaque dimanche pour marcher calmement dans les rues de La Havane depuis que leurs proches ont été arrêtés lors du coup de filet du 18 mars 2003 qui a permis au gouvernement d'envoyer 75 activistes, intellectuels et journalistes derrière les barreaux, la plupart pour des accusations de trahison assorties de lourdes peines.

En juillet dernier, le gouvernement cubain a conclu une entente historique avec l'Église catholique romaine pour relâcher toutes les personnes emprisonnées à la suite de la rafle, qui n'étaient plus que 52 en raison de libérations antérieures.

Actuellement, seuls deux d'entre eux sont toujours en prison, soit Felix Navarro et Jose Daniel Ferrer, mais ils devraient recouvrer leur liberté sous peu.

Le gouvernement de Raul Castro a également libéré des dizaines d'autres prisonniers, dont la majorité avait été mis sous verrou pour des actes de violence perpétrés au nom de convictions politiques.

En dépit de ces libérations, Laura Pollan a déclaré vendredi que les dissidents n'avaient pas le coeur à la fête. «Nous ne célébrons pas, nous nous souvenons», a-t-elle dit à l'Associated Press, haussant le ton pour être entendue malgré les chants pro-gouvernementaux des manifestants. «Nous avons encore deux prisonniers d'opinion en prison.»

Cuba considère les opposants comme des criminels et soutient qu'ils sont payés par Washington pour semer le trouble et causer la perte du régime socialiste.