Vingt-deux employés d'un sous-traitant de l'entreprise pétrolière canadienne Talisman et du colombien Ecopetrol ont été libérés mardi par les Farc, moins d'un jour après leur enlèvement dans l'est de la Colombie, qui a entraîné une opération militaire de grande envergure.

Mardi matin vers 08h00 (13h00 GMT), le ministre colombien de la Défense Rodrigo Rivera a annoncé que ces 22 hommes étaient libres et que l'armée cherchait encore un membre de ce groupe de 23 travailleurs enlevés par trois guérilleros lourdement armés dans le département de Vichada, à quelque 600 km à l'est de Bogota.

«Je peux confirmer que 22 des 23 ont été remis en liberté», a déclaré le ministre à la presse.

«Hier, l'un des otages s'est enfui», a-t-il dit, en précisant que l'homme avait livré des informations utiles aux militaires déployés dans la région pour retrouver les otages restants.

«Nous avons réagi avec tous les moyens à notre disposition (sur place). Dans la nuit, lorsque nous avons constaté que ce n'était pas suffisant, nous avons envoyé des renforts, avec des éléments permettant d'opérer de nuit et l'envoi sur place du commandant de l'armée», a-t-il dit en ajoutant que les auteurs de l'enlèvement étaient des «narcoterroristes des Farc».

Un porte-parole de l'armée a précisé à l'AFP qu'aucun affrontement n'était intervenu entre guérilleros et armée: «En raison de la pression des troupes, les kidnappeurs n'ont pu que relâcher (leurs otages) au fur et à mesure».

Les otages étaient des employés de South American Exploration, une entreprise sous-traitante de la compagnie pétrolière canadienne Talisman et du groupe colombien Ecopetrol.

Se consacrant à des tâches d'exploration pétrolière, ils étaient pour la plupart «issus des communautés indigènes de la région», selon Talisman.

Dès lundi, la piste de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), active dans cette région proche du Venezuela, était privilégiée. Selon une source proche de l'enquête, l'enlèvement relevait sans doute d'une «mesure de rétorsion», après une tentative d'extorsion de fonds infructueuse.

Talisman est une multinationale pétrolière et gazière canadienne présente aussi au Pérou, en Amérique du nord, dans le sud-est asiatique et en mer du Nord notamment - et alliée en Colombie au groupe Ecopetrol avec lequel elle a racheté les actifs de British Petroleum dans ce pays.

L'enlèvement de lundi était le plus important, quand au nombre de victimes, depuis janvier 2008, lorsque trente touristes avaient été séquestré dans le département du Choco (sud-ouest).C'est aussi le premier enlèvement collectif depuis que l'ex-ministre de la Défense (2006-2009) Juan Manuel Santos a accédé à la présidence en août 2010.

Selon le ministre Rivera, il s'est agi «d'un acte de désespoir», de la guérilla, «qui a essuyé récemment les coups les plus durs».

En dépit des coups qui lui ont été portés depuis 2008 - libération de ses otages les plus précieux, dont Ingrid Betancourt, mort de plusieurs de ses dirigeants historiques -, la guérilla des Farc, fondée en 1964, reste active sur près de 50% du territoire colombien et dispose de quelque 8.000 combattants, selon des estimations officielles.

«Elle est désormais éloignée des centre urbains et de production, reléguée dans les montagnes et les zones frontalières», déclare le spécialiste du conflit Leon Valencia, directeur de la Corporation Nuevo Arco Iris.

«Mais elle s'est adaptée et s'attaque aux forces de l'ordre lors de petites opérations», qui ont tué plus de soldats et de policiers en 2010 qu'en 2002, note-t-il, en estimant qu'elle mène actuellement «une campagne militaire» avec des actions simultanées sur plusieurs fronts.