Le procès d'un sous-traitant embauché par le gouvernemental américain, détenu depuis plus d'un an et accusé d'avoir tenté de discréditer le gouvernement cubain s'est terminé, samedi, à La Havane, mais aucun verdict n'avait encore été rendu, tard samedi.

Dans une déclaration officielle faite samedi soir, le gouvernement cubain a déclaré que Alan Gross avait accepté une part de responsabilité, pendant son procès, tout en ajoutant, cependant, qu'il avait été «utilisé». Il a aussi blâmé la société qui l'a envoyé sur l'île.

Selon la déclaration gouvernementale, lue pendant le principal bulletin de nouvelles de la télévision d'État, Gross «accuse Development Alternatives Inc. (DAI) d'avoir mis sa vie en danger et de l'avoir placé dans la situation actuelle, qui a pour effet de ruiner la vie et le bien-être des membres de sa famille».

Arrêté en décembre 2009, Gross est soupçonné d'avoir transporté dans l'île des équipements de communication pour le compte de DAI, dans le cadre d'un programme appuyé par l'Agence américaine de développement international (USAID). Son arrestation a envenimé les relations déjà peu cordiales entre les deux pays.

Le sort de l'Américain de 61 ans, originaire du Maryland, repose entre les mains d'un ban de cinq juges.

Gloria Berbena, porte-parole de la délégation diplomatique de Washington sur l'île, a indiqué que l'avocat cubain d'Alan Gross serait informé dès qu'une décision serait prise.

«Le procès est terminé», a-t-elle dit à l'Associated Press.

En soirée samedi, des représentants du gouvernement cubain ont confirmé à l'Associated Press qu'aucun verdict n'avait encore été rendu, alors que des rumeurs véhiculaient le contraire. Ces personnes ont accepté de parler sous le couvert de l'anonymat parce qu'ils n'étaient pas autorisés à parler de ce dossier.

Le procureur américain de M. Gross, Peter J. Kahn, a émis une courte déclaration, relatant que «la famille espère le voir rentrer à la maison sous peu».

Alan Gross souffre de pressions psychologiques extrêmes, a ajouté son avocat, avant de réitérer un appel en faveur de sa libération.

La Havane a soutenu que les programmes de USAID étaient destinés à renverser le gouvernement du président Raul Castro. Des représentants américains et la famille de l'accusé plaident quant à eux qu'Alan Gross n'a rien fait de mal, et qu'il devrait être libéré pour raisons humanitaires, sa fille et sa mère souffrant d'un cancer. Il aurait perdu plus de 40 kilogrammes au cours de sa détention.

Il risque une peine de 20 ans d'emprisonnement.

Le procès s'est ouvert vendredi avec quelque neuf heures de témoignages dans une villa transformée en tribunal, à La Havane.

Selon la déclaration du gouvernement cubain, les juges ont entendu les versions de dix témoins et de neuf experts durant les deux jours du procès, auquel les journalistes étrangers n'étaient pas autorisés à assister.

Alan Gross a été vu sortant d'une automobile et entrant dans l'édifice tôt samedi, accompagné de gardes de sécurité cubains. Sa femme et des avocats sont arrivés peu de temps après, marquant du même coup le début du deuxième jour du procès.

Le ministère cubain des Affaires étrangères a émis un communiqué expliquant que les procédures judiciaires de samedi incluraient la présentation de nouvelles preuves, ainsi que les plaidoiries finales des deux parties.

À Cuba, les procès durent rarement plus de deux jours.

Décrivant la journée de vendredi, le chef de la diplomatie cubaine a indiqué que M. Gross s'était exprimé et qu'il avait été interrogé par les avocats de l'accusation, entre autres. Il a ajouté que d'autres témoins avaient aussi comparu, sans donner de détails.

La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a lancé le même jour un appel en faveur de sa libération inconditionnelle.