A un mois du carnaval, un incendie a consumé leurs chars et leurs costumes soigneusement préparés pendant toute une année, mais les membres de l'école de samba Grande Rio ont repris le dessus et promettent un défilé plein d'enthousiasme au sambodrome.

«L'école va défiler avec plein d'entrain. Encore plus que les autres années! Nous ne remporterons pas la compétition officielle mais nous gagnerons la sympathie du public. Les répétitions sont pleines à craquer. Nous travaillons dur», déclare à l'AFP Rosa Vaz qui participait mardi soir à la première répétition après l'incendie.

Rosa vit dans un quartier de de la grande banlieue nord de Rio, Duque de Caxias, théâtre des répétitions et berceau de l'école Grande Rio pour laquelle elle défile depuis 22 ans.

Il y a dix jours, un incendie a ravagé une partie de la Cité de la samba, dans la zone portuaire de Rio, où les douze grandes écoles de samba de la ville fabriquent chars et costumes pour les défilés qui auront lieu cette année les 6 et 7 mars.

Lors des deux nuits de défilés au sambodrome, construit par l'architecte centenaire Oscar Niemeyer, elles se disputent le prestigieux titre de «Championne du carnaval».

Les flammes ont détruit les ateliers de trois écoles, Portela, Uniao da Ilha et Grande Rio, la plus touchée. Exceptionnellement cette année, en raison des dégâts, ces écoles ne seront pas notées par les jurés du carnaval pour ne pas être pénalisées et reléguées au niveau inférieur, celui des écoles qui n'ont pas le droit de défiler au sambodrome.

«Le jour de l'incendie tout le monde était effondré; on a beaucoup pleuré», confie l'un des compositeurs de samba, Adilson de Oliveira, 72 ans.

Le carnaval de cette année «sera celui du dépassement de soi», ajoute-t-il.

Pour les plus jeunes, la déception est vive face à la perte de toute une année d'efforts.

Le «mestre sala» (porte-étendard) de l'école, Luzi Felipe, 19 ans, affirme que jusqu'à aujourd'hui, il a «du mal à y croire».

«Je suis né dans cette école. Je vis ici (à Duque de Caxias) depuis que je suis petit et c'était ma première année comme porte-étendard. Je me suis senti perdu le jour de l'incendie. Mais ça nous a tous rapprochés», affirme-t-il tout sourire.

Le directeur de la 'bateria' (percussions), Ciça, déplore que son école soit hors compétition cette année.

«J'ai été navré parce que j'aime le défi. Mais nous allons faire un grand défilé de toute façons», jure-t-il avant de donner le coup d'envoi à l'explosion des tambours de ses 400 percussionnistes.

Grande Rio, vice-championne du carnaval 2010, 2007 et 2006, ambitionnait cette année d'être sacrée championne.

Maintenant, elle court contre la montre pour refaire des costumes plus simples et récupérer des chars.

Le thème de son défilé est Florianopolis, «une île enchantée», la capitale de l'État de Santa Catarina (sud du Brésil).

«Nous travaillons jour et nuit dans la Cité de la samba. Nous voulons reconstruire quatre chars et nous y arriverons. Vous aurez tous un costume, comme promis!», lance Tavinho, un directeur de Grande Rio aux danseurs pour les encourager.

Il n'a pas à s'inquiéter: «Moi je devais défiler sur un char, mais s'il n'y a pas de char, je danserai sur la piste. Je suis prêt à pousser le char s'il le faut», dit Elias, 40 ans, qui défile pour la cinquième année dans cette école.