La guérilla colombienne des Farc devait libérer mercredi un homme, membre d'un groupe de cinq otages qu'elle s'est engagée à relâcher, alors que des informations laissant entrevoir la possibilité d'un dialogue avec l'État se sont multipliées.

La mission humanitaire chargée de récupérer Marcos Baquero, conseiller municipal de 33 ans enlevé en juin 2009, a atteint mercredi «peu avant 10h00» le lieu de libération, a déclaré à Radio Caracol Christophe Beney, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Colombie, comptant deux représentants au sein de la mission.

«Tout marche comme prévu», a-t-il ajouté.

Cette mission avait décollé vers 8h40 de Villavicencio (95 km à l'est de Bogota) vers cette destination tenue secrète.

«Nous espérons qu'en début d'après-midi le conseiller Baquero puisse retrouver sa famille», a déclaré à la presse une porte-parole du CICR María Cristina Rivero, quelques minutes après le décollage de la mission à bord d'un l'hélicoptère mis à disposition par le Brésil.

La guérilla des Farc avait annoncé le 8 décembre qu'elle remettrait en liberté sans conditions cinq de ses otages.

Marco Baquero, conseiller du Parti vert à San Jose del Guaviare (400 km au sud-ouest de Bogota), est le premier du groupe qui devrait retrouver la liberté. Les autres seront libérés entre vendredi et dimanche, selon le CICR.

La libération de Marcos Baquero et des quatre autres otages constitue le premier geste de la guérilla depuis que Juan Manuel Santos, ex-ministre de la Défense (2006-2009) et membre du Parti social d'union nationale (Partido de la U, droite) a accédé à la présidence, en août 2010.

Les Farc - en conflit avec l'État depuis 1964 et qui compteraient encore quelque 8 000 combattants selon des données officielles - détiennent 19 militaires et policiers qu'elles présentent comme des «prisonniers politiques» échangeables contre leurs hommes emprisonnés, ainsi qu'un nombre indéterminé de civils.

Parmi les cinq otages qui seront libérés d'ici à dimanche, figurent deux militaires et un policier membres de ce groupe.

Piedad Cordoba, médiatrice désignée pour ce processus de libération, a en outre laissé entrevoir la possibilité d'autres remises en liberté en 2011.

«Je crois que ceci est le début d'une grande campagne pour la paix», a déclaré lundi cette ancienne sénatrice du Parti libéral (centre gauche), en ajoutant qu'elle croyait possible la libération d'ici au mois de juillet des 16 autres policiers et militaires présentés comme des prisonniers politiques.

«Il pourrait s'agir d'un pari des Farc pour améliorer le climat en vue d'un dialogue», a déclaré à l'AFP Alfredo Rangel, spécialiste du conflit.

«Si Cordoba parle d'un délai nous pouvons imaginer qu'elle dispose d'informations pour le faire», a-t-il ajouté.

Le quotidien colombien El Espectador affirme pour sa part dans son édition de mercredi que depuis le mois d'août «plusieurs contacts sont intervenus entre des délégués du gouvernement et des membres des Farc».

Le journal ajoute, sans citer de sources, que les parties ont envisagé des discussions en Europe, et souligne que l'Espagne, mais aussi la France, «ont exprimé leur souhait de collaborer avec la Colombie en vue de la paix».

Juan Manuel Santos a cependant réitéré publiquement lundi à l'occasion d'une allocution télévisée, que les conditions d'un tel dialogue n'étaient pas remplies.

«Pour qu'une possibilité de dialogue s'ouvre il faut des faits marquants: le renoncement au terrorisme, à l'enlèvement, au trafic de drogue, à l'extorsion et à l'intimidation», a-t-il dit en mentionnant les conditions déjà posées au début de son mandat.