La justice chilienne va enquêter pour la première fois sur les circonstances de la mort de l'ancien président Salvador Allende, mort durant le coup d'État du général Augusto Pinochet qui a renversé son gouvernement, le 11 septembre 1973, a annoncé jeudi le pouvoir judiciaire.

«Il faudra voir s'il y a eu ou non suicide et dans quelles circonstances», a indiqué une source judiciaire, qui a requis l'anonymat.

La version la plus répandue est que Salvador Allende, élu président du Chili en 1970 à la tête d'une coalition de gauche, s'était suicidé le 11 septembre 1973 dans le palais présidentiel, bombardé par l'armée de l'air, pendant le putsch mené par le général Pinochet. Il avait 65 ans.

Ce cas fait partie des 726 dossiers pour violations des droits de l'homme sous la dictature (1973-1990), jusqu'ici jamais traités faute de plaintes, que le ministère public a décidé d'ouvrir mercredi.

«L'an passé, les listes des victimes du rapport Rettig (de la commission nationale Vérité et Réconciliation) ont été révisées et cette information a été recoupée avec les plaintes déposées jusqu'ici. On a alors vu que de nombreux cas n'avaient pas fait l'objet de procédures», a expliqué le pouvoir judiciaire.

Le juge chargé de coordonner ces dossiers a donc chargé un procureur de déposer plainte à la place des victimes de la dictature, qui s'est soldée par 3 150 tués ou disparus et 28 000 cas de torture.

«Parmi les 726 plaintes, figure celle au sujet du président Salvador Allende, car aucune action judiciaire n'avait été engagée concernant sa mort», a précisé la source judiciaire.

La veuve d'Allende, Hortensia Bussi, s'était réfugiée au Mexique après le coup d'État mais avait continué de combattre. Elle est elle-même décédée en 2009 à l'âge de 94 ans.

Le couple a eu trois filles, Carmen Paz, Beatriz, qui est décédée, et Isabel, députée socialiste.

A l'heure actuelle, 560 anciens militaires sont poursuivis pour des crimes commis sous le régime militaire.