Un des avocats de l'ex-dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier a affirmé jeudi que les accusations de crimes contre l'humanité déposées contre son client étaient nulles car «c'est un principe qui n'existe pas» dans le droit local.

«Ce n'est pas parce que la personne s'appelle Jean-Claude Duvalier, qu'il faut bousculer tout le droit haïtien et introduire des principes qui n'existent pas!», a lancé Me Gervais Charles lors d'une interview avec Radio-Canada.

Il réagissait aux plaintes pour crimes contre l'humanité déposées mercredi par la journaliste haïtienne Michèle Montas, ex-porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, et trois autres personnes, contre «Baby Doc», qui est rentré inopinément dimanche en Haïti après 25 ans d'exil en France.

«En ce qui a trait à ce qu'on appelle crimes contre l'humanité, c'est un principe qui n'existe pas en droit haïtien», a martelé par téléphone l'avocat de l'ex-président «à vie». Duvalier est tenu responsable par des organisations de défense des droits de l'homme de la mort de milliers d'opposants durant sa présidence (1971-1986).

Quant aux conventions internationales permettant de poursuivre n'importe où quelqu'un accusé de telles exactions, «je ne pense pas qu'(elles) ont été signées par Haïti», a-t-il poursuivi.

«On n'a jamais eu de poursuites en Haïti pour des crimes contre l'humanité, et c'est un principe de droit international qui est assez vague», a ajouté l'avocat, remarquant en outre que durant les 25 ans d'exil de son client «il n'y a jamais eu de plaintes véritables» contre ce dernier.

Outre Michèle Montas, dont l'époux défunt, le journaliste Jean Dominique, avait été intimidé puis exilé sous le régime Duvalier, les autres plaignants sont deux anciens prisonniers politiques, Alix Fils-Aimé et Claude Rosiers, incarcérés pendant 10 ans pendant la dictature, ainsi que Nicole Magloire.

Photo: Reuters

Les plaintes pour crimes contre l'humanité contre Jean-Claude Duvalier ont été déposées mercredi par la journaliste haïtienne Michèle Montas (photo) et trois autres personnes.