Les villes touchées par les pires glissements de terrain de l'histoire du Brésil ont commencé mercredi à évacuer des milliers de personnes vivant dans des zones à risques, alors que le nombre de victimes a atteint 739.

Dans la ville de Nova Friburgo, la plus atteinte avec 353 victimes, une dizaine d'équipes de la Défense civile identifiaient les maisons à risques et avertissaient un par un leurs occupants qu'ils allaient devoir les abandonner.

«Avant le désastre, 6 000 personnes vivaient dans des zones à risque. Aujourd'hui, il doit y en avoir plus, nous n'avons pas encore les chiffres», a déclaré à l'AFP le chef de la Défense civile, le colonel Roberto Robadey, au-milieu d'un paysage de destruction.

Certains habitants étaient surpris, d'autres regrettaient de devoir quitter un lieu où ils ont vécu toute leur vie, mais la majorité ont simplement signé l'ordre d'évacuation et assuré qu'ils ne voulaient plus revenir ici.

«Jusqu'à présent, les gens coopèrent parce qu'ils sont encore paniqués par ce qui s'est passé. Mais s'ils résistent, nous devrons employer la force», a assuré le colonel Robadey.

Les constructions illégales de maisons précaires sur les flancs des collines, encouragées par le laisser-faire des autorités, sont montrées du doigt comme étant la cause principale du nombre élevé de victimes à chaque saison des pluies, pendant l'été austral.

Selon des données officielles, environ cinq millions de Brésiliens vivent dans des zones à risque.

Une semaine après les pluies diluviennes qui ont frappé la montagne, à une centaine de kilomètres au nord de Rio, le bilan continuait à s'alourdir. Selon la Défense civile, en fin de journée, outre 353 morts à Nova Friburgo, on dénombrait 302 victimes à Teresopolis, 63 à Petropolis et 21 à Sumidouro.

Quelque 200 personnes étaient toujours portées disparues et près de 14 000 personnes étaient sans abri.

Environ 1 500 sauveteurs, dont 700 militaires appuyés par une vingtaine d'hélicoptères, venaient en aide aux survivants jusque dans les villages encore isolés.

Pour la première fois, des médecins militaires sont arrivés à bord d'un hélicoptère à Poço Fundo, dans la localité de Sao José do Vale do Rio Preto, pour vacciner enfants et adultes.

Dans ce village, tout n'est que destruction: le rio Preto a emporté des rangées entières de maisons. Souvent, il ne reste plus qu'un mur debout.

«À sept heures du matin, le niveau de la rivière a monté soudainement et a tout emporté. Par chance, personne n'est mort parce qu'on était réveillés», a raconté à l'AFP Juliana de Oliveira, son enfant de deux ans dans les bras.

La plupart des victimes ont été surprises dans leur sommeil, aux premières heures de mercredi, le 12 janvier.

Les pluies saisonnières, habituellement fortes, se sont cette fois-ci abattues avec une violence extrême, déversant en quelques heures l'équivalent d'un mois entier de précipitations, déclenchant des avalanches de boue, d'arbres brisés et de rochers qui ont tout submergé.

Confrontée à son premier grand défi depuis qu'elle a succédé le 1er janvier au populaire Luiz Inacio Lula da Silva, la présidente Dilma Rousseff a accordé 60 millions de dollars d'aide immédiate aux sinistrés.

La Banque mondiale a également annoncé mardi qu'elle prêterait au Brésil 485 millions de dollars pour financer la reconstruction et la prévention.

Vivement critiqué pour l'impréparation du pays face à des désastres annoncés, le gouvernement a annoncé la mise en place d'ici au Mondial de football de 2014 d'un système d'alerte et de prévention, déjà promis en 2005. «Six ans plus tard, le Brésil n'a pratiquement rien fait», accuse le journal Estado de Sao Paulo.