Les pluies torrentielles qui ont dévasté la région de montagne près de Rio ont fait plus de 500 morts, ont rapporté dans la nuit de jeudi à vendredi les médias brésiliens, évoquant «la plus grande catastrophe naturelle» du pays.

Selon un décompte fait par le site G1 du groupe de presse Globo, les inondations et éboulements de terrains provoqués par les pluies, dans la nuit de mardi à mercredi, ont fait 506 morts.

Le site UOL, pour sa part, avance le chiffre de 501 morts.

Les médias brésiliens ont souligné que cette tragédie «est considérée comme la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire du pays».

Elle dépasse en effet celle de Caraguatatuba, sur le littoral nord de Sao Paulo, donnée jusqu'à maintenant comme la plus meurtrière et qui avait fait 436 morts en 1967.

Sous les torrents de boue qui ont dévasté la région montagneuse située près de Rio, les secouristes ont découvert toutes les heures jeudi de nouvelles victimes ensevelies.

Cette tragédie s'est produite dans le décor majestueux de montagnes couvertes de végétation tropicale à une centaine de kilomètres au nord de Rio où, depuis de longues années, les riches Cariocas prennent leurs quartiers d'été.

Rare signe d'espoir, au milieu des décombres de Nova Friburgo, au nord de Rio de Janeiro, les pompiers ont célébré une renaissance: celle d'un bébé de six mois, sorti indemne après être resté quinze heures enseveli sous la boue, blotti dans les bras de son père.

«Je remercie Dieu, car c'est un miracle», a déclaré très ému le grand-père de l'enfant, Ademilson Guimaraes.

La pluie, qui en quelques heures dans la nuit de mardi à mercredi, a provoqué des glissements de terrain ensevelissant des centaines de maisons, avait repris jeudi matin. «Il pleut beaucoup, le sol est saturé d'eau et il y a des risques de nouveaux éboulements», a rapporté un photographe de l'AFP à Teresopolis.

Les services météorologiques prévoient encore des précipitations pour les prochains jours et la Défense civile a demandé à la population d'évacuer les zones à risques.

Après avoir suspendu leurs opérations pendant la nuit, les centaines de secouristes ont repris leurs opérations au lever du jour. Ils sont appuyés par sept hélicoptères, dont deux de la Marine brésilienne.

La ville industrielle et agricole de Nova Friburgo -la plus touchée avec 225 morts-, à 140 km de Rio, porte les cicatrices des coulées de boue qui ont dévalé les rues telles des torrents en furie, selon les images prises d'hélicoptère par les télévisions. La ville est encore en grande partie isolée, de nombreux quartiers n'ont plus ni électricité ni téléphone.

Jeudi à la mi-journée, 168 morts supplémentaires avaient été dénombrés portant le bilan total à 378.

À Teresopolis, une ville de villégiature située à 100 km de Rio, le bilan est de 223 morts et dans la ville voisine de Petropolis de 39, ont annoncé les porte-parole de ces deux mairies à l'AFP. Dix-neuf corps ont aussi été découverts dans la petite ville de Sumidoro.

«Les gens viennent identifier les corps qui sont entassés dans le garage du commissariat de Teresopolis. Il y a de nombreux cadavres et l'odeur est insoutenable», a rapporté le photographe de l'AFP.

Dans cette seule ville de Teresopolis, on comptait plus de 2200 personnes ayant perdu ou ayant dû abandonner leurs maisons, selon la mairie. Celles qui n'ont pas trouvé refuge dans leur famille sont hébergées dans un gymnase.

La Marine est en train d'installer un hôpital de campagne à proximité.

L'accès à Campo Grande où la Défense civile estime que 2000 maisons ont été détruites et où 150 personnes seraient ensevelies, n'est possible qu'à pied ou à moto car la boue a tout envahi, selon le photographe de l'AFP.

La présidente Rousseff promet de l'aide

La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a survolé jeudi en hélicoptère puis parcouru à pied des zones dévastées par les pluies.

«C'est un moment très dramatique. Les scènes sont très fortes. La souffrance des gens est très grande», a déclaré Dilma Rousseff assurant la population de sa «solidarité», au cours d'une conférence de presse à Rio après sa visite.

Aux côtés du gouverneur de Rio, Sergio Cabral, elle a affirmé que le gouvernement fédéral travaillerait en collaboration avec les gouvernements régional et municipal pour «secourir et reconstruire».

Mme Rousseff a promis de réduire la bureaucratie pour faire parvenir rapidement les aides financières. Le gouverneur s'est engagé quant à lui à faciliter les aides sociales comme le «loyer social» versé aux personnes qui ont perdu leur maison.

La présidente a affirmé que la prévention des glissements de terrain se faisait par le bais d'une occupation régulière du sol et non par l'urbanisation sauvage.

«La prévention (...) est une question d'assainissement de base, de drainage, et de politique urbanistique du gouvernement», a dit Mme Rousseff, déplorant que «les constructions en zones à risques au Brésil ne sont pas une exception mais la règle».

Chaussée de bottes en caoutchouc, la première femme à la tête du géant sud-américain, 63 ans, avait parcouru quelques heures avant la rue Luis Spinelli à Nova Friburgo où trois pompiers ont perdu la vie mercredi quand un immeuble s'est effondré pendant les secours.

La dauphine de Lula était accompagnée du gouverneur de l'État de Rio, Sergio Cabral, et avait parlé aux habitants après un survol de la région avec le ministre de la Défense, Nelson Jobim.

Elle avait déjà annoncé avoir débloqué 780 millions de reais (450 millions de dollars) pour secourir les sinistrés.

Le vice-gouverneur de l'État de Rio, Luiz Fernando Pezão, a exhorté quant à lui les habitants à quitter les zones à risques.

«On m'a déjà traitée de fasciste parce que je défendais le retrait des habitants des zones à risques. Les gens ne comprennent pas que, tant que rien ne sera fait, nous n'aurons qu'à pleurer nos morts tous les ans en janvier et février», la saison des pluies de l'été austral, a affirmé le vice-gouverneur dans un communiqué envoyé à l'AFP.