Le pic de propagation du choléra qui a fait 3651 morts et 171 304 malades depuis octobre n'a pas encore été atteint en Haïti où de nombreux cas devraient encore être enregistrés dans les prochaines semaines, a prévenu mardi l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Concernant le choléra, «nous pensons que le pic n'a pas été atteint», a expliqué une porte-parole de l'OMS, Fadela Chaïb, lors d'un point de presse à Genève.

«Il y aura certainement encore beaucoup de cas de choléra en Haïti, c'est certain», a-t-elle ajouté. Mais, «moins de personnes vont en mourir» en raison de la réponse apportée au fléau qui est nouveau dans le pays le plus pauvre des Amériques.

La porte-parole a ainsi fait valoir que le taux de létalité avait considérablement diminué, atteignant désormais 2,2%, contre un pic de 9% au cours de l'automne dernier.

La maladie sera considérée comme maîtrisée quand le taux de létalité aura atteint moins de 1%, selon l'OMS qui a formé plus de 500 professionnels de la santé sur cette affection qui se transmet par des eaux usées.

Certaines zones rurales, difficiles d'accès, enregistrent encore plus de 100 nouveaux cas par jour, a expliqué Fadela Chaïb, estimant essentiel d'améliorer les systèmes de surveillance permettant de mieux connaître la situation en temps réel.

«Des défis très importants restent en Haïti», a-t-elle insisté. «Nous devons améliorer les systèmes d'eau et d'assainissement, qui vont au-delà des questions de santé», a-t-elle ajouté, rappelant que 40% des Haïtiens n'avaient pas accès à des soins médicaux.

Le choléra, absent du pays, est réapparu en Haïti en octobre, se propageant rapidement parmi une population non informée sur la transmission de la maladie et déjà très vulnérable après le séisme dévastateur du 12 janvier qui a tué plus de 220 000 personnes et provoqué 1,5 million de sans-abris.

Début novembre, une partie de la population s'est violemment heurtée aux Casques bleus présents dans le pays, les accusant d'avoir importé l'épidémie.

Mi-décembre, le chef des forces de maintien de la paix de l'ONU, Alain Le Roy, avait assuré que des experts attribuaient l'épidémie aux conditions climatiques ou estimaient qu'elle avait été dormante depuis des années contredisant notamment la théorie d'un épidémiologiste français de renom ayant affirmé que le camp des Casques bleus népalais situé dans le centre d'Haïti était la source de l'épidémie. D'autres experts ont indiqué que la souche provenait d'Asie du Sud.

Décidée à faire la lumière, l'ONU a annoncé le 6 janvier avoir nommé quatre experts pour enquêter sur l'origine de l'épidémie.