La guérilla colombienne des FARC a lancé vendredi sa première attaque d'envergure, visant un poste de police du sud de la Colombie, quelques heures avant la diffusion d'un message vidéo de son leader Alfonso Cano, posant des bases nouvelles pour une réconciliation nationale.

Dans les combats rapportés à San Vicente del Caguan -département de Caqueta, au sud du pays- «cinq guérilleros sont morts, trois militaires et une jeune fille mineure qui passait par là», a déclaré à radio Caracol le général Juan Carlos Salazar, le commandant du bataillon déployé dans la région.

Le général a précisé que vers 18h30, heure locale, les combattants des FARC avaient tenté d'attaquer la ville de San Vicente.

Se déplaçant à bord de deux véhicules ils se préparaient à attaquer un poste de police lorsqu'un groupe de soldats les a arrêtés et les combats ont commencé.

Selon le général, quatre autres soldats et un civil ont été blessés et admis dans des hôpitaux de la ville de Florencia, capitale du département.

Ces combats constituent les premiers affrontements d'envergure entre cette guérilla marxiste comptant quelque 9000 combattants et l'armée depuis début 2011.

Ils interviennent alors que parallèlement la guérilla s'est engagée le 8 décembre à libérer sans conditions, dans les semaines à venir, cinq de ses otages.

Ils se sont par ailleurs produits alors qu'Alfonso Cano, le dirigeant de la guérilla, a lancé dans un enregistrement vidéo un message où il estime que deux projets de loi en débat sur la réparation des victimes du conflit pourraient faciliter une réconciliation nationale.

Évoquant ceux deux projets -sur la réparation des victimes du conflit armé et la restitution des terres aux paysans chassés par la violence- il a estimé qu'ils méritaient une «attention spéciale» de la part des Colombiens.

Dans ces deux domaines, le point de départ doit être «la reconnaissance par les partis politiques traditionnels de leur responsabilité dans le lancement de la confrontation armée», à partir de 1964, a-t-il affirmé.

«Une telle reconnaissance entraînerait immédiatement un processus de réconciliation fondé sur la vérité», a-t-il ajouté.

Alfonso Cano, dirigeant de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) depuis la mort de son fondateur Manuel Marulanda en mars 2008, a cependant estimé qu'il serait «illusoire» d'espérer de l'actuel parlement, composé de «narco paramilitaires», qu'il vote «une loi favorisant les secteurs populaires».

Les projets de loi en discussion pourraient avoir une dimension historique. Ils cherchent en effet à indemniser à partir de 1991 toutes les victimes du conflit, qu'elles l'aient été de la guérilla, de paramilitaires d'extrême-droite de trafiquants ou de représentants de l'État comme les militaires.

Le gouvernement souhaite aussi rendre leurs terres aux paysans chassés par le conflit, dans un pays comptant au moins 3,4 millions de déplacés.

La guérilla des FARC, fondée en 1964, avait alors déjà pour vocation officielle de défendre les paysans chassés par la violence des années 50, plaçant la question de la propriété terrienne au coeur du conflit.