La nouvelle présidente du Brésil Dilma Rousseff s'est mise au travail dès dimanche en recevant des dirigeants étrangers, au lendemain de son investiture marquée par les adieux émus de l'ex-président Lula.

Dilma Rousseff, qui a succédé samedi à son mentor politique Luiz Inacio Lula da Silva, a rencontré plusieurs dirigeants, dont ceux de l'Uruguay, de Corée du sud, du Portugal, de l'Autorité palestinienne et de Cuba qui avaient assisté samedi à la cérémonie d'investiture.

Cette cérémonie s'est déroulée dans la capitale futuriste du Brésil devant des milliers de personnes et sous une pluie persistante.

Economiste et ex-guérillera de 63 ans ayant connu les geôles de la dictature, Dilma Rousseff est devenue samedi la première femme à diriger ce pays de 191 millions d'habitants.

Dilma - comme l'appellent les Brésiliens - a retenu ses larmes en faisant part de son «émotion» de voir partir son prédécesseur dans son premier discours devant le Congrès.

«Mais Lula sera avec nous», a-t-elle assuré, laissant planer l'ombre envahissante de l'ancien président sur ses quatre ans de mandat.

Lula, 65 ans, était contraint par la Constitution de quitter le pouvoir après deux mandats consécutifs. Partant avec un record historique de popularité de 87%, l'ancien ouvrier métallurgiste et leader syndical n'a pas encore dévoilé ses plans pour l'avenir mais il a laissé ouverte la porte à une éventuelle candidature en 2014.

Après avoir quitté le palais présidentiel du Planalto au bord des larmes, Lula est rentré samedi soir à son domicile dans une banlieue ouvrière de Sao Paulo, où il avait fait ses premiers pas de leader syndical.

«Je rentre à la maison la tête droite. Et avec le sentiment du devoir accompli», a-t-il dit à la foule qui a fêté son héros. Avouant que ses dernières semaines avaient été marquées par «beaucoup d'émotion», il a avoué: «et maintenant, je ne veux pas pleurer».

«Je souhaite prendre du repos, mettre mes idées en place, pour ensuite commencer à penser à ce que je vais faire pour ce pays», a-t-il dit dans un discours improvisé.

Dilma Rousseff a placé son action sous le signe de la continuité avec les huit ans de gouvernement de Lula, se donnant pour priorité «l'éradication de la pauvreté» dans ce pays devenu la huitième économie du monde mais qui compte encore près de 20 millions de personnes dans la misère.

La nouvelle présidente s'est aussi engagée à améliorer la santé et l'éducation, et à combattre «sans trêve» la violence endémique, un des principaux défis du pays avant le Mondial de football en 2014 et les jeux Olympique de 2016.

Sur la scène mondiale, elle va aussi conforter le rôle mondial du Brésil. Mais, sans le charisme de son prédécesseur, elle aura «un autre style, moins idéologique et plus pragmatique», a dit à l'AFP le professeur et consultant de l'Université de Brasilia David Fleischer.

Dilma Rousseff sera plus critique envers l'Iran et a l'intention «d'améliorer les relations avec les Etats-Unis», a-t-il estimé.

Elle va devoir régler en priorité une crise diplomatique avec l'Italie laissée en héritage par Lula qui a décidé, le dernier jour de son mandat, de ne pas extrader Cesare Battisti. L'ex-militant d'extrême gauche est réclamé avec force par Rome pour quatre meurtres et complicité de meurtres commis à la fin des années 1970, crimes dont Battisti se dit innoncent.

Indigné, le gouvernement italien a rappelé son ambassadeur et envisage de saisir la Cour internationale de justice de La Haye si son appel devant la cour suprême du Brésil échouait